Découvrons ensemble l’Original Prusa MMU3, l’upgrade multi-couleur de chez Prusa Research. Cette extension permet d’utiliser de manière automatique jusqu’à cinq bobines de filament avec une seule tête d’impression et de créer des objets colorés avec une imprimante 3D qui n’en est pas capable d’origine.
Introduction
L’Original Prusa MMU3 ou Multi Material Upgrade 3 est le successeur des MMU1, MMU2 puis MMU2S. Pourtant techniquement très proche des MMU2 de part sa conception similaire, Prusa Research a choisi de passer à la version 3 plutôt que la version 2S+, mettant ainsi l’accent sur l’idée d’une refonte complète du système.
Le MMU3 est compatible avec les variantes MK3S, MK3S+, MK3.5, MK3.9, MK4 et MK4S à l’heure de ces lignes, nous allons faire ce test sur une MK4.
Fiche technique du Prusa MMU3 sur le comparateurEn bref, quoi de neuf avec ce MMU3 ?
- Le firmware de l’Original Prusa MMU3 est entièrement nouveau, il a été écrit de zéro
- Communication bidirectionnelle complète avec l’imprimante
- Intégration de l’écran LCD (messages d’état, informations en temps réel, codes d’erreur)
- Toutes les pièces en plastique ont été repensées avec une attention particulière pour un assemblage et une maintenance plus aisés
- Nouvelles pièces métalliques pour rendre l’unité plus robuste et plus fiable
- Électronique améliorée
Unboxing et montage Original Prusa MMU3
L’emballage est soigné et très condensé. Il s’agit ici de la version avec les pièces imprimées en usine. A l’intérieur du carton, on retrouve les éléments triés et étiquetés, un ensemble de sous-cartons, ainsi que le plus important de tous les éléments, le paquet de Haribo. 😉
Il y a aussi un handbook qui est une mine d’or, il contient vraiment tout ce qu’il faut savoir sur l’utilisation du MMU3, avec des détails techniques très bien expliqués. Ce manuel se retrouve aussi en ligne, en français, au format PDF.
Je vous fais grâce de toutes les photos du montage car cela n’apporte rien de plus que le manuel en ligne qui explique très bien tout ça. Cependant, je peux vous faire part de mon ressenti durant ce montage.
Manuel de montage
Tout d’abord, le manuel en ligne en version anglaise (voir ici pour le français) est bien plus utile grâce aux nombreux commentaires que l’on y retrouve. La plupart du temps, il s’agit de commentaires obsolètes dont on voit qu’ils ont été écoutés car le manuel a été adapté au fur et à mesure des retours des utilisateurs. On y retrouve parfois des commentaires rigolos, mais aussi quelques-uns utiles au moment où l’on en a besoin. Généralement, lorsqu’une étape donnée possède plusieurs dizaines de commentaires, c’est qu’il y a quelque chose à savoir. Il vaut alors mieux y jeter un œil avant de procéder à cette étape.
Difficultés rencontrées
L’ensemble du montage s’est déroulé de manière fluide, excepté à deux moments où il a fallu “improviser”. Dans les deux cas, il s’agissait d’un problème dû à une imperfection dans les pièces imprimées en usine. Rien de bien grave mais la loi de Murphy impose que cela arrive lorsqu’il faut rentrer en force un palier en laiton ou un tube PTFE, et que tenter de les retirer à mi-parcours, c’est prendre le risque de détériorer quelque chose. Rien d’insurmontable toutefois, un bon bricoleur saura s’en sortir. Hormis ces deux “points durs”, les tolérances entre les pièces imprimées sont très bonnes, bien que ces dernières soient de qualité esthétique moyenne, voire médiocre, avec un ringing très prononcé.
Pièces imprimées en usine
D’ailleurs, si vous avez la possibilité et le temps d’imprimer vous même les pièces, faites-le. En effet, à la place des deux bobines de 400g de filament, il est possible d’avoir les pièces pré-imprimées en option pour 40€ de plus. Mais vous obtiendrez des pièces de qualité bien supérieures en les imprimant vous-même… Tout le travail de mise en plateaux et de découpe est prémâché par Prusa, pourquoi s’en priver ?
Supports de bobines et buffer de filament
Le montage prend du temps, j’ai passé quatre heures uniquement sur l’unité du MMU3. On rajoute bien une heure ou deux pour le buffer et les supports de bobines. Ces supports sont très simples à monter mais le travail de collage des petits patins en mousse est assez fastidieux, il y en a soixante en tout à coller.
Le buffer quant à lui est assez ludique, avec ses grandes roues qui rappellent les Meccano pour les plus anciens. C’est aussi la partie qui comporte le plus de visserie : quand on nous demande d’étaler 25 petites vis d’un coup on sait que l’on va s’amuser. Il fallait bien trouver un moment pour les manger, ces Haribo !
Car oui, le manuel n’indique pas quand et combien de gummy bears il faut manger pour assembler le MMU. C’est le point noir de ce guide mais heureusement, cela ne nous empêche pas de terminer correctement le montage. 😉
Nextruder
Au delà de l’unité multi-couleurs elle-même, l’upgrade Prusa MMU3 concerne aussi le Nextruder. J’ai eu quelques difficultés sur l’étape consistant à retirer le sandwich de l’engrenage planétaire de l’arbre moteur.
Impossible de tirer l’ensemble sans user d’une force excessive. Je lis les commentaires et je vois que je ne suis pas le seul. Après moult tentatives, j’ai utilisé le manche d’une pince brucelle pour faire levier. De cette manière, j’ai bénéficié d’une bonne surface d’appui et bingo, c’est sorti sans même forcer… Mis à par ça, l’intérieur du Nextruder est comme neuf après un an d’utilisation de ma MK4, juste la graisse qui est devenue noire mais c’est globalement très propre et les roulements n’ont pas pris de jeu. Passé ce cap, le reste a été un jeu d’enfant.
Original Prusa MMU3 assemblée, prête pour le test
Et nous y voilà, une MK4 + MMU3.
Tour du propriétaire
Mécanique
Unité
Les évolutions côté mécanique sont discrètes lorsque l’on compare de loin le MMU3 avec sa grande sœur, mais elle n’en sont pas moins nombreuse et importantes. Absolument toutes les pièces en plastique on subit une révision. Certaines parties stratégiques sont passées sur des éléments métalliques. Les tubes PTFE passent sur un diamètre interne de 2,5 mm. Ils sont maintenant facilement démontables grâce à des « collets ». La visibilité sur les éléments mobiles a été largement améliorée, on peut pratiquement voir le filament sur tout le chemin, même au niveau du capteur de filament à l’intérieur du sélecteur.
Les pattes de fixation au portique permettent de basculer le MMU3 vers l’avant, en position de maintenance pour un accès facilité à l’intérieur du mécanisme si nécessaire.
Toutes ces petites évolutions semblent anodines lorsqu’elles sont prises séparément, mais l’ensemble forme un système avec une fiabilité grandement améliorée par rapport à la génération précédente.
A souligner la présence d’un cutter à l’arrière du sélecteur mobile, permettant de couper automatiquement le filament en cas de problème. Il n’a jamais été utilisé lors de ce test pour la simple et bonne raison qu’il n’y a eu aucun problème à ce niveau.
Buffer
Le buffer de filament subit lui aussi une révision. Les supports de bobines passent sur un système à roulettes à largeur variable, le boitier contenant les boucles de filament utilise maintenant un système de « cassettes » avec une grande roue sur roulements. On sent bien la différence de friction entre l’ancien système et le nouveau, le passage du filament est bien plus fluide, surtout son retrait lorsque la pointe du filament sortie de la hotend est un peu plus épaisse.
A l’usage, ce système fonctionne bien mais il occupe une place importante sur le plan de travail. Il faut noter que le buffer ne peut être placé que sur la droite de la machine, car la gauche est occupée par le moteur X, ce qui limite le choix possible de l’emplacement des bobines sur la droite également, ou vers l’arrière.
Je recommande l’impression de petites pièces numérotées qui s’avèrent bien pratique lorsqu’on charge le filament car il n’est pas toujours évident de savoir dans quel ordre sont les tubes PTFE, surtout si on passe de l’avant à l’arrière de la machine. La numérotation d’origine n’est pas très lisible.
Électronique améliorée
Pour donner un peu de contexte, le MMU2/S souffrait d’une erreur de conception au niveau de l’alimentation de sa carte électronique qui provoquait une instabilité de celle-ci. Ce défaut pouvait causer des reboots intempestifs du MMU. C’est un problème qui était connu depuis longtemps sur le forum de Prusa et certains makers avaient proposé des palliatifs pour les propriétaires du MMU2/S qui étaient concernés.
Pour le MMU3, Prusa a fait le choix non pas de corriger le design de la carte électronique, mais d’y adjoindre une carte fille appelée « PD-board ». C’est assez étonnant lorsque l’on sait que les cartes électronique de Prusa sont manufacturées dans leur propre usine. L’explication se trouverait peut-être dans le fait que cette solution soit compatible avec les MMU2/S existants qui peuvent ainsi migrer vers le MMU3 sans remplacer la carte électronique. Pour le coup, même si ça fait le job, ça ressemble plus à un patch qu’à une refonte du produit.
Logiciel (firmware) du Prusa MMU3
Le firmware de l’Original Prusa MMU3 est entièrement nouveau, c’est peu de le dire. L’utilisation des boutons est devenue extrêmement simple. Lors de ce test, nous avons constaté que la mécanique se déplace de manière beaucoup plus fluide. La communication avec l’imprimante est devenue bidirectionnelle et chaque action est notifiée par un message à l’écran. On sait exactement ce qu’il se passe à tout moment.
L’expérience utilisateur a globalement fait un grand bon en avant.
Petit aparté sur ce firmware
L’électronique étant la même entre le MMU2/S et le MMU3, ce nouveau firmware s’applique aussi au MMU2/S. Et même si ça ne résout pas les problèmes mécaniques, ce firmware augmente grandement la fiabilité du système. La machine peut détecter beaucoup plus facilement les problèmes et tenter de les résoudre par elle-même. Si ça ne suffit pas, elle se mettra en pause en attente d’intervention de l’utilisateur. Ce n’est certes pas parfait mais cela permet de sauver une impression. C’est une évolution gratuite pour l’utilisateur, il serait dommage de s’en priver.
Nextruder
La sortie du MMU3 pour les machines avec l’ancien extrudeur (de la MK3S à la MK3.5) s’est faite bien avant la version Nextruder (MK3.9 à MK4S). Le Nextruder posait des problèmes d’usure prématurée à cause des changements répétés de filament. Après avoir procédé à de nombreux et longs tests, Prusa Research a décidé de remplacer une pièce du Nextruder (Main Plate en anglais) qui était en PETG par une nouvelle version imprimée avec la technologie Multi Jet Fusion.
Cette pièce est annoncée tenir 80 000 changements de filament et devient de facto une pièce d’usure et donc un consommable. Pour donner un ordre d’idée : une impression en 0,20 mm qui nécessiterait toutes les couleurs sur toutes les couches et sur toute la hauteur imprimable provoquerait déjà 4 400 changements d’outils. C’est un peu extrême comme exemple, vous le verrez dans les échantillons imprimés par la suite, on a déjà de belles pièces avec 500 ou 1 000 changements.
Malgré tout, on voit que ça ne durera pas toute la vie de l’imprimante, loin de là. Une seconde pièce est fournie dans le kit du MMU3 mais prévoyez de stocker quelques pièces de rechange en avance, selon votre utilisation. Il vous en coûtera 14€ pour une paire.
Le côté positif par rapport à l’ancien extrudeur, c’est que la purge est réduite, plus rapide et bien plus efficace, réduisant ainsi les pertes de filament, les temps d’impression et l’effet de bleeding propre à cette technologie.
Impressions avec le Prusa MMU3
Petit essai
On démarre petit, avec deux geckos différents et ~200 changements de filament. Petite difficulté supplémentaire ici, pour le “marron” nous utilisons du Prusament rPLA Algae, qui est assez fluide et s’imprime plus froid. Il s’agit d’un recyclage de déchets industriels de PLA, avec des pigments organiques. L’odeur est assez particulière mais pas désagréable. Bref, voici quelques photos :
Aucune difficulté pour l’imprimante MK4 et le MMU3, malgré un changement de température sur un des filaments. Les couleurs sont parfaitement alignées, aucune bavure, aucun défaut autres que ceux inhérents à la technologie FDM. C’est vraiment parfait.
Essai un peu plus long
Pour le second essai, il fallait quelque chose qui fasse travailler le MMU plus longtemps et qui ait des couleurs sujettes au bleeding, c’est-à-dire à la contamination ou au mélange de couleurs après purge. Nous allons donc utiliser un modèle de Baby Dory et laisser tourner la machine toute la journée, ~15h et 650 changements de filament.
Hormis le fait que le filament bleu mériterait un passage au séchoir, c’est franchement nickel. Aucune intervention n’a été nécessaire, la machine a fait son travail toute seule et de manière assez discrète.
En regardant de plus près, on distingue nettement un défaut de bleeding sur le modèle de gauche. On voit une bande de jaune qui traverse toute la partie bleue du modèle.
Ce problème est également présent sur le modèle de droite, mais dans une plus faible proportion, il faut vraiment bien regarder.
Mais si l’on compare de face, on voit bien la différence entre les yeux.
Une petite photo de famille, car regarder la technique d’impression à la loupe c’est intéressant, mais prendre un peu de recul pour admirer le modèle, c’est beau.
Six couleurs
Encore un petit 650 changements de filament pour une quinzaine d’heures d’impression, mais avec six couleurs cette fois-ci.
La tour de purge parait énorme et elle l’est ! C’est difficile à montrer mais elle est en réalité majoritairement vide.
Il y a deux raisons au fait qu’elle soit bien vide :
- Il y assez peu de couleurs par couche, au maximum quatre au niveau des yeux, mais deux ou trois seulement la plupart du temps.
- Une partie de la purge se trouve dans l’infill de l’objet lui-même. Ca ne se voit pas mais Yoshi est tout coloré de l’intérieur.
Pour la sixième couleur, il s’agit seulement d’un changement de filament sur la semelle des chaussures, en utilisant la fonction idoine dans PrusaSlicer. La machine s’est mise en pause en éjectant le filament par l’avant du MMU3, c’est surprenant lorsqu’on ne sait pas comment ça fonctionne la première fois. Il suffit alors de suivre les instructions à l’écran : retirer le filament et charger le nouveau en appuyant sur continuer. Tout se fait tout seul. Cela ouvre la possibilité de pouvoir utiliser beaucoup plus que cinq couleurs si le modèle s’y prête.
PLA / TPU
Ce n’est pas officiellement supporté car il n’y a pas de profil compatible et donc non recommandé, mais en forçant l’utilisation d’un profil TPU incompatible, il est possible de l’utiliser dans une impression multi-filaments. On peut imaginer du TPU multi-couleurs mais nous testons ici le multi-matière, en utilisant du PLA comme support pour le TPU, avec un profil “supports solubles”.
Techniquement, il aurait fallu desserrer le levier du Nextruder mais ça a tout de même fonctionné pour ce petit test. On peut voir que les surfaces supportées sont très propres et les supports se démontent assez facilement.
Quelques autres impressions
Pas de filaments spéciaux ?
Justement, parlons un peu des filaments spéciaux. Pour le combo MK4 & MMU3, il n’y a pour le moment pas de profil pour le FLEX mais il en va de même pour l’ABS, ASA, HIPS, PA, PVA, PC, PVB etc. C’est très étonnant pour le PVA pour une upgrade se voulant “multi-matière” et pas uniquement “multi-couleur”. Surtout qu’à l’exception du FLEX, tous les profils cités précédemment existent pour le combo MK3S+ & MMU3.
Précisons tout de même que cette limitation s’applique uniquement à l’utilisation active du MMU3. C’est-à-dire pour des impressions multi-filaments. Si vous souhaitez imprimer en une seule couleur avec de l’ASA par exemple, c’est toujours possible et il n’est pas nécessaire de démonter le MMU3. Il suffit d’utiliser le profil MK4 classique (non MMU), le G-Code produit est tout à fait compatible et l’imprimante demandera simplement quel filament utiliser. C’est un peu moins intuitif qu’avec le profil MK3S+ & MMU3 qui ajoute automatiquement un profil « single » pour ça.
UI / UX du Prusa MMU3
Pour ceux qui ne savent pas ce que c’est, il s’agit de « User Interface / User Experience ». C’est un point particulièrement mis en avant chez Prusa : une imprimante doit être facile et agréable à utiliser.
Côté UI
Boutons physiques
Les trois boutons physiques de l’unité MMU3 sont très simples : à gauche et à droite, on déplace le sélecteur de filament dans la direction voulue et on engage le filament au centre . Cela peut s’avérer plus pratique que de passer par l’écran pour charger un ou deux filaments mais pour le chargement en masse, il est toujours plus rapide de passer par l’écran qui permet d’effectuer des actions en lot, comme on va le voir tout de suite.
Gestion des filaments
Le menu filament s’étoffe et permet de charger/décharger/changer un filament dans le MMU, ou jusqu’à la buse. Le chargement/déchargement/changement des filaments peut se faire unitairement ou par lot dans le mode avancé. En effet, un sous-menu offre la possibilité de sélectionner une action pour chaque “extrudeur” puis de tout appliquer d’un seul coup, simplifiant beaucoup les manipulations sur l’écran.
Réaffectation des filaments
La partie la plus intéressante concernant l’utilisateur est sans nul doute la possibilité de modifier l’affectation des filaments en début d’impression. Cela signifie que vous n’aurez pas besoin de décharger un filament pour le mettre dans la bonne entrée s’il est déjà présent dans l’unité. Il suffira d’indiquer à l’imprimante que cette couleur se situe sur une autre entrée. C’est pratique et cela rend moins fastidieuse la préparation de la machine. A noter que la couleur spécifiée dans le slicer pour chaque filament est affichée, ce qui simplifie d’autant plus le repérage.
Spool Join
Spool Join est une fonctionnalité un peu cachée qui permet de passer automatiquement d’une bobine à une autre lorsqu’une fin de filament est détectée. C’est bien pratique pour ceux qui ont plein de fin de bobine et qui souhaitent les terminer sur des prototypes, ou bien tout simplement pour passer sur une bobine neuve de la même couleur lors de longues impressions, le tout sans mettre en pause la machine pour une intervention manuelle.
Il suffit pour cela, dans l’écran de sélection des filaments vu précédemment, de faire comme pour modifier l’affectation d’une bobine. Mais, au lieu de la remplacer, on choisit de joindre les bobines. On peut ainsi affecter une ou plusieurs bobines à un même “extrudeur” et profiter d’une gestion automatique de la fin de filament.
Côté UX
Pour un utilisateur venant du MMU2/S, ce nouveau MMU3 est clairement un bonheur à utiliser. Bien que le buffer et la disposition des bobines ne soient pas des plus pratiques, le chargement manuel des filaments est fluide, aucune accroche dans le mécanisme ni besoin de recouper une pointe qui refuse de rentrer. Chaque action du MMU est clairement indiquée sur l’écran.
Il y a quelques petites subtilités à connaître cependant, surtout si l’on est néophyte sur le MMU ou l’écosystème de Prusa.
Firmware
Le firmware de l’imprimante est le même pour plusieurs modèles et notamment avec ou sans MMU. Par conséquent, la détection de présence du MMU ne se fait qu’après le démarrage, il faut donc laisser quelques secondes supplémentaires à la machine pour finir son initialisation et être reconnue comme une MK4MMU3. Si vous êtes trop pressé et que vous lancez une impression avant l’initialisation du MMU3, l’imprimante s’identifiera alors comme une MK4 seule et vous préviendra d’une incompatibilité du G-Code. Idem pour une MK3S équipée d’un MMU2S contenant un firmware de MMU3, elle sera reconnue comme MK3SMMU3, il faudra donc utiliser un profil pour MK3S & MMU3 sur PrusaSlicer sinon le G-Code sera reconnu comme incompatible.
Profils
En parlant des profils, le second petit bémol qui a déjà été cité concerne l’utilisation de la machine en simple extrudeur. Sur les MK3/S/S+ en version MMU2/2S/3, il y a deux profils prédéfinis lorsque l’on sélectionne la machine dans le configurateur. Un profil avec cinq “extrudeurs” et un profil “single” pour l’utilisation avec un seul extrudeur. Sur la MK4, le profil “single” n’existe pas, il faut sélectionner la machine sans MMU dans le configurateur en plus de la machine avec MMU. Le G-Code est parfaitement compatible mais cela peut porter à confusion.
Hormis ces deux petits points l’expérience utilisateur est très bonne.
Original Prusa MMU2S vs MMU3 vs XL 5T
Puisque l’on est dans les comparaisons, voici un petit test qui compare spécifiquement une Original Prusa i3 MK3S + MMU2S, face à une Original Prusa MK4 + MMU3 et une Original Prusa XL 5 Têtes.
Notre référence sera le modèle d’elfe articulé récupéré ici. Il a été réduit à 50% et le profil utilisé pour chaque machine est le 0.20 mm STRUCTURAL par défaut, sans support. Les paramètres sont tous laissés tels que, même la purge à l’intérieur de l’objet (même pour la XL) afin de comparer des impressions similaires au plus proche entre chaque machine.
MK3S & MMU2S
On note un bleeding important, surtout du noir dans les chaussons rouges et au niveau des yeux. La machine a demandé assistance à trois reprises au niveau de la boucle de ceinture car à chaque fois, le filament restait coincé dans le tube reliant le MMU à l’extrudeur. Il s’agissait du Prusament PLA Blend “Viva La Bronze” qui est un filament qui gonfle beaucoup en sortie de buse. C’est un point qui a été corrigé sur le MMU3.
MK4 & MMU3
Il n’y a étonnamment pas de bleeding notable, même pas la couleur noire vers la couleur chair. Aucune assistance demandée, la machine a fait sa vie pendant que je faisais la mienne.
XL 5T
Bien évidemment, aucun bleeding possible, même si je m’attendais à voir les couleurs de purge par transparence (je rappelle que la purge dans l’objet est activée). Cependant, je note que la finition est un poil moins bonne que sur les deux autres, un peu plus de dépôts parasites que sur les autres impressions malgré les filaments séchés juste avant l’impression. C’est mineur mais plus présent que sur les impressions avec les MMU.
Purges
La purge sur la MK3S est plus importante que sur la MK4. Cela avait été annoncé. C’est même encore mieux, sur la MK4 lorsque le filament repart vers le MMU après son ramming, il n’y a pratiquement aucune matière résiduelle à purger. On peut le voir dans les dégradés de couleur de la tour de gauche qui ne sont plus présents sur la tour de droite.
En chiffres
Temps
Les durées sont les valeurs réelles et non celles estimées par le slicer :
- 9h45 pour la MK3S & MMU2S
- 5h51 pour la MK4 & MMU3
- 2h54 pour la XL 5T
Poids
Tout a été pesé sur une balance de cuisine à +/- 1 gramme, ce sont des valeurs réelles et non celles estimées par le slicer :
- Les deux lutins ensemble pèsent 17 grammes sur les trois impressions.
- Les tours de purge font :
- 48 grammes sur la MK3S & MMU2S
- 37 grammes sur la MK4 et MMU3
- 15 grammes sur la XL
Résumé du comparatif
Ce résumé tient compte des résultats de ce match, mais également d’autres tests effectués en parallèle et de l’expérience acquise au fil du test des Original Prusa MMU3 et Original Prusa XL 5T. Le combo MK3S & MMU2S est en retrait sur tous les points (temps, déchet et bleeding). Le combo MK4 & MMU3 sort les pièces qui ont la meilleure qualité d’impression pour au moins deux raisons.
- Le stringing et le oozing inhérents à la technologie de toolchanger de la Prusa XL sont inexistants sur le combo MK4 & MMU3, ce qui génère très peu de dépôts parasites qui peuvent ruiner l’esthétique de la pièce.
- Les VFA très faibles en comparaison des autres machines dont l’effet peau de saumon ressort, comme l’atteste ce Yoshi. Ceci en partie grâce aux moteurs aux pas de 0,9° de la MK4.
Pour un usage strictement multi-couleurs, le MMU3 semble être le meilleur choix. N’hésitez pas à consulter le topic du test live sur le forum qui contient de plus amples détails sur ces comparaisons. Notamment sur la XL qui n’est pas l’objet du présent article mais puisqu’on avait la possibilité de comparer, on ne pouvait pas ne pas le faire.
Conclusion
Puisqu’il faut donner une conclusion à ce test, je résumerai comme ceci : l’Original Prusa MMU3 est une upgrade qui fonctionne et surtout de manière fiable car à ce jour, le compteur de changement de filament à passé la barre des 5 000 sans rencontrer le moindre souci. Le MMU3 est agréable d’utilisation et polyvalent, c’est un atout pour votre imprimante Prusa. Malheureusement, c’est ce qu’on aurait été en droit d’attendre des MMU2/2S basés sur le même principe. Si vous êtes propriétaire de l’ancien modèle et que la mise à jour du firmware ne vous suffit pas, il vous en coûtera 99€ supplémentaires pour le transformer en MMU3.
Ce kit d’upgrade à 329€ se positionne très bien sur le marché du multi-couleurs à simple tête. L’upgrade Original Prusa MMU3 vous permet de garder constamment vos filaments préférés prêts à l’emploi, mais surtout vous permet d’augmenter le potentiel de votre imprimante en lui donnant accès à l’impression d’objets multi-couleur, voire multi-matière et ouvre ainsi de nouvelles possibilités.
Notes et conclusion
Qualité d'impression - 10
Fiabilité - 10
Logiciel - 9
Utilisation - 9.5
Rapport qualité / prix - 9.5
9.6
/10
- Excellente qualité
- Fiable
- Simple d'utilisation
- Parfaite intégration avec la machine et le slicer
- Système de buffer peu pratique
- Encombrement élevé