Créée en 2014 par Matthieu Régnier et Gauthier Vignon, l’entreprise Dagoma a rapidement évolué pour devenir une référence des constructeurs d’imprimantes 3D Made in France. Maintes fois primée et mise en avant par des titres aussi honorifiques que la “startup de l’année” par le cabinet Ernst & Young (EY), la société fait aujourd’hui face à des difficultés économiques pour continuer son activité dans les mêmes conditions de croissance.
Le constructeur roubaisien d’imprimantes 3D est rapidement devenu une référence du domaine, en proposant d’abord la Discovery200, ensuite remplacée par la Discoeasy200, le modèle Explorer 350 et enfin la dernière Neva. Les membres du forum sont très nombreux à posséder une imprimante 3D Dagoma, en témoignent les 37 000 messages de la section dédiée.
Nous avions échangé avec Dagoma lors de la MakerFaire de Lille en 2016 (lire l’interview). A l’époque, la Discoeasy venait d’être dévoilée et tous les voyants étaient au vert. Une levée de fonds de trois millions d’euros, apportés par Olivier Leclercq, ancien président de Decathlon, avait permis une expansion très rapide du créateur d’imprimantes 3D. Et l’entreprise en a bien profité pour s’agrandir : de 3 personnes début 2015, ils étaient 35 fin 2016 et 50 personnes composent aujourd’hui les équipes de Dagoma. Le siège de Roubaix Valley (à Blanchemaille) accueille l’essentiel des troupes, en complément du site de Bordeaux (précisément à Pessac, en Gironde) et aux Etats-Unis.
Aujourd’hui, malheureusement, la direction de Dagoma a dû annoncer de mauvaises nouvelles. Malgré des performances historiques (55% de croissance l’an dernier), l’entreprise doit “améliorer la compétitivité en permettant une meilleure allocation des ressources”, amorcer un “plan de transformation au profit d’une croissance profitable et durable” pour “mieux répondre aux besoins des clients”.
Un besoin de renforcer ses canaux de vente, de se réorienter vers la conception et la production pour que la croissance, même très forte, soit rentable pour l’entreprise du Nord de la France.
On parle ainsi d’un plan de départs volontaires de la moitié des cinquante salariés de la Dago’Team.
Plan de transformation Dagoma 2020
Malgré ces mauvaises nouvelles, Dagoma garde comme objectifs de démocratiser l’impression 3D pour que chacun devienne acteur et producteur de sa consommation. Les choix stratégiques et logistiques ont été récompensés en 2017 par une croissance exceptionnelle (supérieure à 50% sur la dernière année fiscale) mais Dagoma doit amorcer un plan de transformation pour capitaliser et durer.
Ce plan s’oriente autour de trois axes :
- Simplification et optimisation de la production d’imprimantes 3D : fermeture des sites de Bordeaux et de Californie pour tout recentrer à Roubaix
- Gain de productivité et de rentabilité : retour au coeur de métier (conception et fabrication d’imprimantes 3D), plan de départs volontaires accompagnés
- Multi-canal, multi-format et internationalisation : renforcement des canaux de vente en Europe et aux Etats-Unis (boutiques en ligne et revendeurs physiques)
Par la réorientation vers son activité principale, cela concerne évidemment la conception et la fabrication d’imprimantes 3D mais également de développer les gammes de filaments Chromatik, Chromawood, Fiberlogy et Octofiber.
Licenciement chez Dagoma ?
Il n’est donc pas question de licenciement, surtout pas économique puisque l’entreprise a bénéficié d’une très forte croissance l’an dernier. Il n’y aura a priori pas de rupture conventionnelle ni de démission puisque Dagoma propose un plan de départ volontaire (PDV) à ses (certains?) salariés. il s’agit d’une rupture de contrat de travail en commun accord entreprise-salarié, sans motif économique. La forme sera peut-être revue comme rupture conventionnelle collective (RCC) avec le nouveau dispositif du Gouvernement. Les salariés qui accepteront le plan de départ seront donc indemnisés et pourront bénéficier des allocations chômage s’ils ne retrouvent pas de poste dans la foulée. De plus, Dagoma accompagne ce choix en proposant des formations et diverses aides pour ne laisser personne sur le carreau.
Si nous ne connaissons pas le résultat net comptable de Dagoma, il ne faut pas confondre “croissance” et “bénéfice”. Une croissance de 50% n’implique pas forcément du bénéfice, si les investissements réalisés demandaient une augmentation du chiffre d’affaires de l’ordre de 80 voire 100%.
Nous souhaitons bien évidemment que cette mauvaise nouvelle n’en soit pas une pour les équipes Dagoma et que les personnes concernées trouveront rapidement une bonne situation. Pour l’entreprise, dont les objectifs sont établis et les investissements sont confirmés, espérons que les ventes de Neva et de Discoeasy soient toujours au rendez-vous, malgré les parts de marché grignotées jour après jour par les imprimantes 3D chinoises.
Continuons la discussion dans les commentaires ci-dessous ou sur le forum.