Le « Fab Café » est à l’impression 3D ce que le Cyber Café est à Internet, un endroit convivial qui aidera sûrement la technologie à s’implanter chez les particuliers mais qui permet surtout à ces derniers d’en profiter le temps qu’elle soit plus accessible. Même si les services d’impression 3D le permettent déjà, n’est-ce pas plus intéressant de voir l’impression 3D se faire, presque par magie, tout en dégustant un bon petit plat ? C’est en tout cas le postulat de base du Comptoir de l’imaginaire que nous vous proposons de découvrir au travers d’une interview d’un de ces fondateurs, Nicolas Secretan.
Bonjour Nicolas, pouvez-vous nous présenter votre équipe et votre concept ?
Le concept s’articule entre découverte et plaisir. Même si la technologie est aujourd’hui au point, elle est actuellement réservée à une clientèle d’experts. Nous avons donc voulu rendre l’impression 3D accessible à tous sans connaissance particulière tout en concevant votre propre design. Quoi de mieux pour attendre que la pièce soit finie que de déguster une bouchée sucrée ou salée de qualité avec un petit verre de vin ou un smoothie. Il ne reste plus qu’à s’installer dans un bon gros fauteuil et admirer le miracle de l’impression 3D. L’équipe est composé de 3 personnes :
- Corinne ROMIEL, chef cuisinier de plus de 20 ans d’expérience, qui a accepté de rejoindre notre équipe afin de pouvoir proposer une cuisine de qualité et éviter tous produits industriels, avec des recettes simples et originales n’utilisant que des produits locaux et de saison pour retrouver le vrai goût des aliments sans augmenter les prix.
- Melissa SECRETAN (mon épouse) sera derrière le bar et préparera les commandes des clients. Grâce à son sourire et son accueil, je sais que les clients seront traités avec la valeur qu’il convient sans aucune distinction. Toujours à l’écoute des besoins de chacun, elle saura répondre aux demandes avec efficacité.
- Nicolas SECRETAN : je serai en salle avec les clients pour répondre à toutes leurs interrogations concernant l’impression ou le scan, et à l’aide d’un ordinateur portable tactile, je pourrai modéliser ou personnaliser n’importe quel objet que la personne souhaite réaliser.
Un café, une 3D, c’est Le Comptoir de l’Imaginaire !
Comment est venue l’idée de créer un café 3D, les Cybers Cafés qui ont presque disparus vous ont-ils inspirés où est-ce la tendance des pays voisins ?
Les Cyber-Café ont effectivement été notre point de départ en remplaçant la facturation du temps pour internet par celui de l’utilisation des imprimantes 3D. Le prix est donc calculé en fonction du moment passé sur une imprimante 3D, un scanner 3D ou même un ordinateur avec un logiciel professionnel de modélisation tri-dimensionnel. Le coût matière est calculé directement avec le temps d’impression. Une fois l’idée magique trouvée, nous avons regardé ce qui se faisait ailleurs et avons découvert quelques concepts proche du notre. Nous avons alors essayé de voir ce qui pouvait être amélioré ou ce qui manqué.
Qu’est-ce qui vous démarque de vos « concurrents » à l’étranger ?
Nos « concurrents » à l’étranger proposent plus des cafés workgroup et nécessitent une bonne connaissance des logiciels pour réaliser un objet précis. Sans aucune connaissance, vos possibilités chez eux sont limitées car même si l’on trouve beaucoup d’objets sur le net, ils comportent parfois des erreurs ou des problèmes de maillage et la personnalisation est impossible sans passer par un logiciel de modélisation. Or, l’impression 3D pour les particulier est quelque chose de nouveau et même si beaucoup de gens savent utiliser un ordinateur, de là à fabriquer des objets complexes ou techniques, il y a un monde. C’est la raison pour laquelle, au Comptoir de l’imaginaire, se trouve un technicien/dessinateur qui répondra à ce manque. Des tutoriaux vidéos seront également diffusés en continu (sans son) pour celui qui désire aller plus loin. Et pour celui qui souhaite approfondir encore ses connaissances, des sessions de formations seront organisées tous les samedis matin au Comptoir. Du fait de la diversité de la clientèle, et pour répondre à une demande réelle, nous avons aménagé un peu à l’écart une Kids Zone dans laquelle les enfants peuvent s’exprimer librement grâce à une imprimante 3D et une tablette avec un logiciel leurs étant spécialement dédiés.
Comment comptez-vous financer la réalisation de ce projet ?
Nous avons déjà le local de 200 m² et avons investis déjà 20 000 € dans du mobilier, le bar et les travaux. Une demande de financement de 60 000 € est en cours auprès de trois banques et nous organisons une collecte de 10 000 € sur KissKissBankBank où chaque personne qui croit en notre projet pourra mettre le montant qu’il souhaite afin d’acheter les imprimantes 3D les plus performantes et les plus rapides du marché.
Où envisagez-vous d’implanter votre premier « Fab Café », comment seront les locaux et comment sera-t-il équipé ?
Les locaux se trouvent 10 rue Biscarra au cœur de Nice, à deux pas de l’avenue Jean Medecin et de Nice Etoile, entre plusieurs écoles de design et d’architecture.
En ce qui concerne la décoration , nous avons fait appel aux « Poulettes à Paris », qui ont réussi à créer, dans une ambiance rétro et brocante, loin de l’univers froid et technique des fablabs, un lieu unique dans lequel nous pouvons nous dire « ici, l’impression 3D a toujours existé ». Pour appuyer ce concept, des pubs anciennes ont été détournées. Le local sera équipé de 6 à 8 imprimantes 3D FDM et STL (SLA), une découpeuse laser, un scanner 3D sur plateau rotatif et un scanner 3D à main. Le 3Dmaton viendra compléter l’équipement.
J’ai également créé une entreprise il y a trois ans (ENESS 3D) réservée aux professionnels qui sera en mesure de sous-traiter les demandes particulières sur des cires calcinables ou des projets complexes.
Quel type de cuisine sera servi ?
La cuisine était un point crucial que nous ne voulions pas laisser de côté au détriment de l’impression 3D. Nous ne travaillons qu’avec des produits de saison et des agriculteurs locaux, les plats seront sous forme de tapas servis tout au long de la journée avec une épicerie fine dans laquelle vous retrouverez tous les produits utilisés en cuisine. Toutes les recettes sont des recettes originales ou reprises de plats oubliés car impossibles à reproduire avec de l’industrielle. La carte sera donc changée à chaque saison avec de nouvelles bouchées salées et sucrées.
Quels services seront proposés aux clients en parallèle de la collation ?
- Des menus 3D (tapas + boisson + objet 3D)
- Des formules du jour (2 tapas du jour + boisson)
- Une Kids Zone
- Un 3Dmaton pour se scanner à 360° et imprimer sa figurine en couleurs
- Des stylos 3D à disposition
- Une découpeuse laser
- Une épicerie fine
- La vente des imprimantes et stylos 3D et de certains objets déco
Si tout se passe bien, quand pensez-vous ouvrir les portes du Comptoir imaginaire ?
Le Comptoir de l’imaginaire fera une pré-ouverture test début octobre et nous espérons faire la grande soirée d’inauguration le 30 octobre.
Selon les objets à imprimer, il faudra boire un très long café et patienter plusieurs heures ?
Selon l’objet, il faudra même un thermos ! Mais rassurez-vous, le café ne propose pas que du café, c’est un lieu convivial avec des canapés et des fauteuils confortables, avec un accès Wi-Fi gratuit. Vous avez également la possibilité de passer quand vous voulez récupérer votre objet fini, on s’occupe de tout et si vous êtes juste de passage dans la région, nous vous l’enverrons à l’adresse désirée.
Avez-vous des projets de développement à plus ou moins long terme ?
Nous souhaitons rapidement ouvrir d’autres « Comptoir de l’imaginaire » en France et franchiser le concept. Nous désirons également développer nos propres imprimantes plus fiables et plus solides que celles proposées aujourd’hui à 1500€ environ sur la technique du dépôt de fil (FDM) et en Stéréolithographie (STL).
Votre impression sur le site Lesimprimantes3D.fr ?
Je vais presque tous les jours sur votre site pour découvrir les articles sur les fondus comme nous qui font avancer la technologie et permettent une démocratisation des imprimantes 3D orientée vers le partage et le communautarisme. Votre site est d’ailleurs de plus en plus riche et permet de trouver un tas d’informations et conseils utiles en plus des comparateurs qui donnent une idée de l’offre et de la demande du marché actuel.
Quelque chose à ajouter pour nos lecteurs ?
A 12 ans, j’ai découvert l’impression 3D dans le magazine « Science et avenir », en lisant l’article j’ai été fasciné et je me suis dit « Un jour, j’imprimerai mon canapé ! ». Aujourd’hui, je n’ai toujours pas imprimé mon canapé mais je sais que ce n’est plus qu’une question de temps alors qu’hier encore on me prenait pour un doux rêveur et personne ne comprenait vraiment ce que j’entreprenais. Si on vous prend pour un fou, un allumé ou un utopiste, c’est peut-être que vous êtes sur la bonne voie. Il ne reste plus qu’à se mettre au diapason du présent. Nicolas, merci pour tous ces détails ! On ne peut que vous souhaiter une aussi longue et belle vie que les bons vieux Cyber Cafés et on a hâte de pouvoir inscrire l’inauguration du Comptoir de l’imaginaire dans notre agenda. Ce projet est unique en France et fait tomber la barrière entre technologie de spécialistes et le côté convivial autour d’un verre. Entre FabLab et bistrot, le concept est intéressant et permettra sans doute de trouver une nouvelle clientèle.