Les matériaux pour l’impression 3D FDM sont de plus en plus variés mais finissent par se ressembler. Tout du moins ils n’apportent pas de réelle innovation. On connait les filaments classiques ABS et PLA, les filaments qui imitent des matériaux (bois, pierre, métal), les flexibles, les conducteurs, les phosphorescents et les solubles, le tout décliné dans de nombreuses couleurs.
Aujourd’hui nous allons vous faire découvrir un nouveau filament qui n’a rien à voir avec tout ça. Il s’agit du PEEK, un polymère auparavant réservé au frittage laser sélectif (SLS) rendu compatible avec le dépôt de matière fondue par la société INDMATEC. Vous avez peut-être d’ailleurs déjà remarqué leur l’imprimante 3D dans notre comparateur.
Bonjour Lucie Pommier et Olivier Maury, pouvez-vous nous présenter la start-up INDMATEC, ses fondateurs et vos rôles au sein de celle-ci ?
INDMATEC est une société allemande qui a été fondée en avril 2014 par deux associés, Mr Okolo et Mr Tran-Mai. Rapidement, un troisième homme, Mr Pfotzer, a rejoint l’équipe pour s’occuper de tout l’aspect informatique. Mr Tran-Mai travaillait dans le secteur commercial, le professeur Okolo enseignait quant à lui depuis plus de cinq ans la science des matériaux et le génie mécanique à l’université allemande du Caire. Il fut aussi collaborateur à l’institut technologique de Karlsruhe (KIT).
Olivier et moi-même travaillons sur le développement commercial d’INDMATEC sur le marché américain pour ma part, et sur le marché français pour Olivier.
Le polyétheréthercétone (PEEK) est donc la génèse d’INDMATEC. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce thermoplastique ?
Pour faire court, le PEEK est un thermoplastique de très haute performance. Comparé au métal ou à la céramique, le PEEK présente un peu moins de résistance à la tension. Cependant, contrairement à ces matériaux, il garde une certaine flexibilité qui lui permet de retrouver sa forme initiale même après une forte tension. Le PEEK offre une alternative intéressante à de nombreux matériaux, comme différentes fibres composites ou dérivés métalliques. Un autre avantage majeur : il est bio-compatible. C’est à dire qu’il n’est pas rejeté par l’organisme. Comme le titane, le PEEK peut permettre de développer différents types de prothèses ou implants.
Le conditionnement du PEEK sous forme de filament nécessite-t-il un traitement particulier ? Etes-vous les seuls à détenir ce savoir-faire ?
La transformation du PEEK brut en un filament imprimable demande un processus très particulier. La tolérance et la qualité de surface sont très importants pour une bonne impression 3D que nous sommes aujourd’hui les seuls à savoir faire.
Quel est le coût de ce filament pour le consommateur ?
Nos solutions se destinent avant tout à une utilisation professionnelle. Etant donné sa dimension haute performance, le PEEK est proposé aujourd’hui à 900€/kg (HT).
Qu’en est-il pour les autres polymères hautes performances compatibles avec l’imprimante 3D PEEK ?
Pourquoi avoir spécialement misé sur ce polymère ?
Tout simplement parce qu’il n’était pas encore proposé sous forme de filament, et qu’il offre des caractéristiques assez exceptionnelles.
Avez-vous eu le support des banques ou des investisseurs pour ce projet ? Si oui, était-ce facile de les convaincre ?
Non, les fondateurs de l’entreprise n’ont pas eu de support venant des banques ou d’investisseurs pour développer l’entreprise et ses projets.
Vous êtes a priori les premiers à permettre l’impression 3D FDM à une telle température d’extrusion, craignez-vous la concurrence et une course aux performances ?
L’avantage d’être un pionner, c’est que l’on a automatiquement un temps d’avance. Maintenant, il est évident qu’il ne faut pas se reposer sur ses acquis au risque de se voir rattraper par la concurrence. C’est pour cela qu’aujourd’hui, nous continuons un travail intense de recherche en collaboration avec l’Institut Technologique de Karlsruhe. Pour ce qui est de la course aux performances, c’est une évidence à partir du moment où il y a plusieurs compétiteurs. Mais au final, ce sont nos consommateurs qui en bénéficient.
Pouvez-vous nous présenter dans les grandes lignes votre logiciel d’impression 3D “fait maison” ?
Brièvement, c’est un logiciel qui permet, une fois que l’on a récupéré un fichier de modélisation 3D, d’imprimer très rapidement le produit que l’on souhaite. Notre logiciel prend évidement en compte toutes les contraintes du PEEK pour offrir une impression optimale.
Avez-vous des projets de développement à plus ou moins long terme ?
Evidemment. Nous avons l’intime conviction que notre technologie peut offrir des débouchés dans de nombreux secteurs partout à travers le monde. Pour l’instant par exemple, nos filaments ne disposent pas de la certification nécessaire à leur utilisation médicale. Nous croyons beaucoup en leur utilisation dans ce domaine, c’est pourquoi aujourd’hui nous travaillons à l’obtention de ces certifications.
Votre impression sur le site Lesimprimantes3D.fr ?
Un excellent site qui regroupe les dernières nouveautés dans le domaine de l’impression 3D. Spéciale mention pour votre comparateur d’imprimantes, très pratique !
Un dernier mot pour nos lecteurs ?
L’imprimante 3D PEEK en action
Si vous avez des questions, n’hésitez pas à venir découvrir notre site internet indmatec.com et nous écrire à