Si Creality est davantage connu pour ses Ender-3 et CR-10, le constructeur asiatique propose également une gamme d’imprimantes 3D pour les professionnels. La CR-5 Pro H / HT en fait partie, en sachant que cette version est une évolution de la CR-5 Pro avec support de la Haute Température, d’où sa nouvelle appellation. Dans ce test, nous allons voir si l’imprimante à caisson fermé tient ses promesses et si elle apporte de réels avantages face à une machine plus accessible, en termes de qualité et de prix de vente.
S’il y a bien une différence entre la CR-5 et les imprimantes citées en introduction, c’est tout d’abord son aspect général. La CR5 Pro n’est pas une simple imprimante 3D cartésienne avec châssis apparent, on est ici face à un grand caisson blanc dont l’épaisse tôle fait penser à un outil industriel. En façade, sa porte en plexiglas est imposante, laissant apparaitre l’intérieur de l’enceinte qui offre un volume d’impression pas si large que les dimensions extérieures pourraient le faire croire. Avec des côtes extérieures de 53 x 49 x 61 cm, le volume maximal d’impression plafonne à 30 x 22.5 x 38 cm. Mais un châssis bien protégé, dans une chambre d’impression à température contrôlée, avec une tôle de qualité, cela se paie par un encombrement et un poids bien plus élevé qu’une imprimante domestique. Si le colis ne pèse pas moins de 40 kg, l’imprimante une fois préparée conserve 32 kg sur la balance.
La CR5 Pro HT en quelques mots
Orientée vers les professionnels, la CR-5 “Pro” et “Haute Température” se veut compatible avec les filaments PLA, ABS, PETG, TPU, PC, ASA, bois, PLA-CF (fibre de carbone). Son volume d’impression de 300 x 225 x 380 mm est confortable pour tous types de pièces. Sa vitesse de pointe plafonne à 80 mm/s avec du PLA, ce qui est relativement faible par rapport à la concurrence.
L’extrudeur Bowden peut chauffer jusqu’à 300°C et le plateau à 110°C maximum. L’enceinte fermée à la demande (portes, panneaux et capot supérieur) permet de conserver une température environnementale élevée et donc compatible avec les matériaux plus techniques.
Dépourvue de connexion réseau (ni Ethernet ni WiFi), la CR-5 Pro HT s’utilise via son écran en façade et une carte SD ou un câble USB reliant la machine à un ordinateur. Les impressions pourront être éclairées par une bande LED pour mieux surveiller les tâches en cours.
L'imprimante Creality CR-5 Pro HT sur le comparateurDéballage de la Creality CR-5 Pro H
Livrée sur palette par un transporteur spécialisé vu l’encombrement et surtout le poids, la CR-5 Pro High Temp de Creality n’est pas du genre à être achetée sur un coup de tête. Son tarif de 990 € HT ou 1190 € TTC à sa sortie en France la réservera aux professionnels et imprimeurs qui recherchent autre chose que la série CR-10 du même constructeur.
Les mousses bien calées et bien découpées se retirent sans peine, nous laissant d’abord sortir le capot supérieur ainsi qu’un lecteur de carte SD et les manuels sur papier. Le plus gros, le plus lourd, nécessitera de prendre garde à son dos et, idéalement, d’être aidé pour éviter un accident en sortant la machine de son carton.
On remarque que seule la porte avant est fixée, les côtés de l’imprimante étant de larges trous. Pas de panique, deux plexiglas sont bien protégés pour un montage ultérieur. Car si les imprimantes de ce calibre sont habituellement livrées déjà assemblées, la CR-5 Pro HT nécessite d’y passer quelques dizaines de minutes, entre le premier coup de cutter sur le cerclage de la palette et l’appui sur le bouton Power. Après le retrait des mousses, on arrive à sortir d’autres accessoires présents sous le plateau d’impression. Pour cette opération, ce n’est pas le mode d’emploi papier qui va nous aider mais plutôt la vidéo officielle de Creality qui nous explique comment libérer les dernières protections. Il faudra donc, soit brancher la carte SD sur un ordinateur afin d’ouvrir ce fichier vidéo, soit visionner la version YouTube affichée un peu plus bas sur cette page.
Après avoir ouvert les derniers sachets de protection, nous voilà face à une boite à outils qui renferme une multitude .. d’outils. Pas moins de cinq clés Allen, un petit tournevis plat, une spatule plate, une pince coupante, des clés plates, une clé à pipe, des vis et des rondelles, des rilsans, une pince à épiler. Tout de suite, on s’imagine que cela va prendre un certain temps avant de lancer la première impression ! Mais le guide vidéo nous rassure, il n’y aura guère besoin que d’une clé Allen pour fixer les douze vis qui tiennent les deux portes latérales du caisson, pas transparentes mais d’un agréable blanc laiteux. Que l’on se rassure, nous n’aurons pas besoin de tous ces outils pour mettre en route la CR-5 ProHT !
Prenons le temps d’admirer la mécanique qui se déplacera sur le haut du caisson, étant donné que ce sera le plateau qui oscillera de bas en haut durant une tâche d’impression. Les câbles sont proprement protégés, les axes déjà graissés et l’ensemble respire la stabilité.
Le support de bobine, en plastique, s’installe en quelques secondes. Le filament sera situé à l’arrière de la machine, on ne pourra donc pas la placer trop près d’un mur. Il faut ainsi compter au moins 30 cm d’espace à l’arrière de la CR-5 pour remplacer la bobine sur son support. Le bouton Marche/Arrêt se trouve aussi à l’arrière, pas forcément pratique d’accès selon l’emplacement que vous choisirez pour cet outil de travail. A l’arrière toujours, on trouvera le capteur de fin de filament et l’extrudeur Bowden pour guider le filament dans le tube PTFE jusqu’à l’extrudeur.
Notons également que Creality fournit une bobine de 1 kg de son filament CR-PLA, un PLA “moyenne gamme” comme ils l’expliquent sur l’emballage. Nous l’avons reçu en couleur blanche.
Sur le côté droit, on retrouve le classique interrupteur 115 / 230 V, ainsi que le lecteur de carte SD (grand format) et un port USB pour relier la machine à un ordinateur via le câble fourni. La tôle fait professionnel mais la finition pourrait être légèrement améliorée pour le côté esthétique.
En façade, un bel écran trône au centre, sous la porte en plexiglas bleu dont les charnières sont de qualité. Nous verrons plus tard que son affichage est très propre, bien orienté vers l’opérateur et doté d’un excellent contraste.
Sous le capot
Le châssis de la CR5 ProHT abrite la carte mère, le bloc d’alimentation 350W et la carte électronique de l’écran.
Tutoriel vidéo unboxing et assemblage
Pour ne se poser aucune question, prenez trois minutes pour découvrir comment déballer correctement la Creality CR5 Pro et assembler les plaques de plexi sur les côtés. Ce guide vidéo montre aussi comment installer le support de bobine, insérer le filament et préchauffer la buse selon le matériau utilisé (PLA ou ABS).
Mise en route de la Creality CR-5 Pro High Temp
Après avoir vérifié l’interrupteur de tension, le bouton Marche réveille l’écran frontal de la machine. Son démarrage est rapide et le menu est facile à comprendre. La dernière mise à jour (v0.0.6) apporte le support de plusieurs langues, dont le français. Sinon, ce sera au choix entre anglais et mandarin.
La première étape conseillée par le mode d’emploi est de vérifier la surface d’impression. Cette opération sera facilitée par le capteur CR Touch installé à côté de l’extrudeur. Celui-ci s’illumine de rouge à son fonctionnement. Un total de 25 points de contrôle s’assurera de la parfaite planéité de la plateforme d’impression en “carbon crystal silica glass”.
Première impression (PLA)
Pour s’assurer de tester l’imprimante avec les bons paramètres, il est toujours recommandé d’imprimer les fichiers gcode fournis par le constructeur. Sur la carte SD, on retrouve trois fichiers gcode à la racine du stockage : un chien, un chat et un lapin. D’autres gcode se trouvent dans un sous-dossier de la carte SD. Etonnamment, la CR5 ne sait pas lire les sous-répertoires pour charger un gcode. Il faudra donc prendre soin de déposer tous les fichiers à la racine de la carte SD.
Creality Slicer
Pour imprimer autre chose que les fichiers Creality (et nous vous le souhaitons 😉 ), le logiciel Creality Slicer est présent sur la carte SD mais uniquement au format Windows. Cette version déjà obsolète sera délaissée au profit du téléchargement d’une plus récente sur le site officiel de Creality, dont une copie pour macOS et Linux est disponible. S’il n’y a d’ailleurs pas de page dédiée au download pour la CR-5 Pro HT, le trancheur est identique que pour les autres FDM Ender et CR du constructeur. Prendre exemple sur la Ender-3 S1 Pro ou la CR-10 Smart Pro. Au contraire de Cura, Creality Slicer intègre d’origine le profil de la CR-5 Pro (pas la version High Temp, cependant).
Il n’était pas recommandé à la sortie de cette imprimante mais le logiciel Creality Print pourra aussi convenir. Ses versions les plus récentes intègrent un profil pour la CR5 Pro_H. Les alternatives comme Cura, PrusaSlicer ou Simplify3D pourront également supporter la machine, avec un profil préconfiguré ou à créer manuellement.
Transfert sur clé USB
Le slicer de Creality est un clone de Cura et les habitués du logiciel libre ne seront donc pas perdus. L’enregistrement peut se faire immédiatement sur la carte SD que lira la CR5 Pro. Attention cependant à enregistrer les fichiers à la racine de la carte, comme vu précédemment, et à ne pas leur donner un nom trop long, sous peine de les rendre invisibles sur l’écran de la CR-5 Pro HT. C’est une double limitation assez étrange pour une imprimante professionnelle sortie en 2022. L’absence de connectivité réseau est un autre frein pour ce public cible.
Test bridging
Entre autres essais, ce test permet d’essayer les différents réglages d’une imprimante 3D FDM par des fichiers dédiés à chaque type (refaire la phrase) : infill, supports, bridging, thickness. J’ai choisi de vérifier la capacité de la CR-5 Pro à imprimer des ponts, c’est-à-dire fondre de la matière sans support. Le travail a été demandé avec le profil par défaut dans Creality Slicer et le PLA fourni dans le carton de la machine (CR-PLA). Les ponts sont bons, les cheveux d’ange n’étaient cependant pas demandés.
D’autres impressions en PLA
Avec plus ou moins de réussite avec le profil par défaut. Il faut l’optimiser pour gagner en qualité.
Impression en TPU 95A
Un TPU de qualité 95A, de marque SainSmart, a été utilisé pour ce Benchy boat.
Améliorations et upgrade
Réseau WiFi et/ou Ethernet
La CR-5 Pro HT étant une machine propriétaire et contenue dans des plaques de tôle, ses évolutions seront plus limitées qu’avec une imprimante totalement ouverte et à monter soi-même. Cependant, Creality propose d’emblée une option qui conviendra aux techniciens itinérants : la Creality Box. Ce boitier permet d’activer le “Cloud printing”, à savoir piloter l’imprimante depuis un smartphone grâce à l’application Creality Cloud App. Cet accessoire a depuis été complété par le Sonic Pad, l’équivalent sous Klipper pour booster les performances de la machine. Cela ne ferait pas de mal à la CR5 qui plafonne à 80 mm/s en standard. En plus de pouvoir charger des fichiers depuis une bibliothèque, il est possible de régler chaque paramètre de l’imprimante et d’en surveiller le fonctionnement à distance.
L’écran et l’interface
Bien installé en façade sous la porte vitrée, l’écran de contrôle est également bien orienté et très lisible. Il n’est cependant pas assez sensible, le tactile demandant des appuis francs pour réagir.
Autres défauts : le système embarqué ne sait pas lire dans les sous-dossiers d’une carte SD, il est donc nécessaire de déposer les fichiers gcode à la racine du stockage.
Pendant un travail en cours, il manque une information essentielle : le temps restant d’impression. Il est surprenant qu’une chose aussi importante ait été oubliée, ajout qui n’a pas encore été apporté par une mise à jour de firmware. Nous avons une barre de progression et le temps écouté, mais il faudra faire travailler ses méninges pour estimer soi-même la durée restante.
Lecteur de carte SD
C’est un détail important la première fois : il n’y a pas de sens indiqué pour insérer la carte SD et celle-ci rentre des deux côtés dans le lecteur. Cependant, il faudra l’insérer à l’envers (connecteur vers le haut) pour éviter de l’endommager. Creality aurait pu l’indiquer puisque par défaut l’utilisateur va tenter de l’insérer “à l’endroit”.
Le bruit
Enfin, dernière modification que Creality peut apporter ou que l’utilisateur pourra modifier à sa guise. Le bruit de fonctionnement durant une impression. Le déplacement de la buse est très silencieux mais le niveau sonore en fonctionnement est trop élevé, gâchant par là même l’intérêt d’avoir une imprimante 3D en caisson fermé pour limiter les décibels. Une option permet d’arrêter le ventilateur durant un job mais cela n’abaisse pas le niveau sonore de l’imprimante.
Mises à jour fastidieuses
Elles sont rares mais elles existent et sont recommandées. En l’absence d’une connexion réseau, les mises à jour du firmware sont laborieuses à effectuer :
- Trouver et télécharger les fichiers sur le site Creality
- Brancher l’imprimante en USB sur un ordinateur
- Ouvrir Creality Slicer et le faire communiquer avec la machine
- Aller dans les options, demander la mise à jour de l’imprimante à partir du fichier .hex téléchargé
- Ensuite, éteindre et débrancher la machine
- Démonter seize vis sous l’imprimante pour accéder à la carte-écran
- Brancher une microSD avec le dossier de mise à jour
- Démarrer l’imprimante, laisser faire et supposer que l’opération est terminée à un moment
- Sortir la carte SD, revisser les seize vis et vérifier la nouvelle version du firmware
Notes et conclusions
Qualité d'impression - 8
Fiabilité - 8.5
Logiciel - 7
Performances - 4
Rapport qualité / prix - 6
6.7
/10
- Enceinte fermée
- Matériaux compatibles
- Qualité de fabrication et look
- Aucune connexion réseau
- Réglages indispensables
- Bobine et bouton de démarrage à l'arrière
- Prix