Curieux de vérifier les promesses de la technologie DLP, je me suis laissé tenter par la Mars 4 du constructeur Elegoo, une imprimante que l’on attendait pourtant en SLA pour faire suite aux modèles précédents. Ce test Elegoo Mars 4 DLP est donc l’occasion de vérifier qu’une imprimante 3D DLP 2K est réellement supérieure au LCD 8K en stéréolithographie.
Présentation Elegoo Mars 4 DLP
Avec un volume d’impression de 133 x 75 x 150 mm, son écran 2K (2560 x 1440 pixels) et sa résolution XY de 52 µm, cette machine n’a sur le papier pas le moindre intérêt. Si on oublie la technologie DLP, tout semble moins intéressant qu’une Elegoo Mars 3.
Voici ce que la Mars 4 a dans le ventre.
Technologie | Stéréolithographie DLP |
Résolution | 2K / 2560 x 1440 pixels |
Volume max d’impression | 132.8 x 74.7 x 150 mm |
Vitesse d’impression | Jusqu’à 70 mm/h |
Résolution XY | 52 microns |
Ecran en façade | 3.5 pouces, tactile, couleurs |
Matériaux | Résine liquide UV 405 nm |
Connectique | Clé USB |
Logiciel | Voxel Tango Slicer, Chitubox, Lychee Slicer |
Dimensions | 24.6 x 23 x 45.3 cm (LWH) |
Poids | 6.8 kg |
Voici un petit tableau comparatif de quelques machines que l’on peut comparer à la Mars DLP, dont la Photon D2 de Anycubic qui est aussi en technologie DLP.
Technologie | DLP | DLP | LCD | LCD | LCD |
Nom | Elegoo Mars 4 DLP | Anycubic Photon D2 | Creality Halot One | Elegoo Mars 3 | Anycubic Mono 2 |
Volume d’impression | 133 x 75 x150 | 131 x 73 x 165 | 130 x 82 x 160 | 143 x 90 x 175 | 143 x 90 x 165 |
Résolution XY | 52 | ≈50 | 51 | 35 | 35 |
Avant de commencer, je précise qu’aujourd’hui, il n’est pas possible de comparer sur le papier une imprimante LCD et une imprimante DLP. Cela serait semblable à comparer les chevaux et la consommation d’un véhicule thermique à celui d’une voiture électrique.
Unboxing et accessoires
Le déballage est très classique et comme toutes les imprimantes résines, cette Mars4 s’ouvre à la verticale. A l’intérieur, tout est bien protégé comme il se doit pour éviter les aléas des transporteurs.
Elegoo n’est pas radin en accessoires dans le packaging de cette petite imprimante DLP :
- Une clé USB
- Une spatule en plastique
- Une spatule en acier, avec une poignée bien solide
- De la visserie de rechange
- Une dizaine de filtre à résine
- Quelques gants
- Deux masques chirurgicaux
- Des clés Allen
- Une feuille de calibration
- Un cordon d’alimentation, sans transformateur grâce à la faible consommation électrique de la machine
- La notice en anglais
- Un purificateur d’air
Il n’y a toutefois aucun FEP de rechange dans le carton.
Analyse de la Mars 4 DLP
En soit, la machine est très sommaire. Le couvercle rouge affiche quelques motifs sympa, l’imprimante n’a qu’un seuil rail linéaire. Le plateau est classique avec ce que l’on retrouve habituellement chez Elegoo avec ses deux pans. Le bac est sympa avec quatre becs verseurs bien larges qui permettent aussi de gagner un peu de volume de résine, ainsi qu’une prise facilitée sur les cotés.
Sur le dessus, à gauche, se trouve l’emplacement pour brancher le purificateur d’air. Comme ses concurrentes DLP grand public, nous voyons à travers l’écran tous les composants de la machine. Le bouton d’alimentation, le port USB et l’emplacement pour la prise électrique sont sur le coté droit, vers l’avant de la machine.
Interface et points forts de la Elegoo Mars 4 DLP
L’interface est tout ce qu’il y a de plus classique avec les fonctions standards de nettoyage, de leveling et d’exposition d’écran.
Il y a très peu de chance d’abimer un écran DLP, ce dernier étant un projecteur qui se retrouve sur un miroir qui passe par un verre trempé. En cas de fuite de résine sous le bac, il vous suffira de changer le verre. Le constructeur nous annonce aussi un algorithme d’anti aliasing dans la machine, qui n’est donc pas lié au slicer et qui devrait nous permettre d’éviter les défauts que pourraient produire cette technologie.
Nuisance sonore
Parmi les promesses des machines DLP, le silence en est une. Effectivement, en plus de ne déceler aucun bruit mécanique outre un bip d’allumage de l’écran d’exposition, je n’entends qu’une petite résonance, sans doutée liée à un ventilateur collé trop près de la paroi. Le volume maximum enregistré est de 48 dB, ce qui est plutôt acceptable.
Consommation électrique
La seconde promesse des machines DLP, c’est une consommation électrique maitrisée. Et c’est aussi le cas ici. La Mars 4 DLP allumée, au repos, oscille autour de 4 W. En impression, nous sommes entre 8 et 12 W, ce qui donnerait un coût électrique moyen de 0,05 € pour 24h d’impression [10 Wh soit 0,01 kWh à 0,2276 € le kWh moyen (tarif base EDF au 1er août 2023 en France)].
Il est toujours impressionnant de se dire qu’une machine DLP en cours d’impression consomme autant qu’une imprimante LCD qui n’imprime pas.
Slicer
L’imprimante Elegoo Mars 4 DLP est vendue avec une licence personnelle de Voxeldance Tango qui semble être définitive. Il s’agit d’un slicer commercialisé à 144$ par année. Ce logiciel mettant en avant un système de support encore plus fin que ce qu’on trouve ailleurs, il permet donc de rendre plus facile et de meilleure qualité les impressions de miniatures et de figurines.
Il est à noter que, pour le moment, ce slicer Voxel Dance est traduit en plusieurs langues, dont l’allemand et l’espagnol mais pas le français. Pour vous en donner un court avis, le système de support automatique, dans le cadre d’impression des miniatures, est parfait. Je n’ai jamais eu à en ajouter un seul. A l’inverse, peut-être qu’on prend le risque d’en avoir trop et de perdre en qualité.
Toutefois, cette génération de supports est lente. Plus de deux minutes à attendre devant mon écran (contre 15 secondes sur Chitubox Pro). L’import du fichier STL ou l’évidage est lent également. De plus, l’ergonomie est discutable et le déplacement de la figurine se fait par une croix avec trois directions, pas en bougeant simplement l’objet. Bref, un bon potentiel mais quelques détails qui font que ce logiciel ne remplacera pas mon habituel Chitubox.
Note : Depuis ce test Voxeldance tango est passée à une version 4.0, censée aller beaucoup plus vite que lors du test du slicer
Elegoo précise tout de même que les logiciels Chitubox et Lychee Slicer sont pleinement compatibles avec la Mars 4 DLP.
DLP 2K vs LCD 8K
C’est sans doute ce qui vous intéresse le plus dans la lecture de ce test. Les promesses du DLP et le prix de cette machine de petite taille justifient-ils vraiment une bonne qualité d’impression ? Et bien oui. J’ai sorti, avec la même résine et avec le même Bench habituel que ma Phrozen Mighty 8K à plusieurs échelles (100%, 50%, 20%, 5% et 2%) après des tests d’expositions adaptés.
Je m’attendais à ce que le DLP soit meilleur à 50%, quand j’ai testé la Anycubic Photon Ultra (une DLP 720p), les fichiers étaient supérieurs à du 4K / 35 µm à partir d’une échelle réduite de 60% mais rien ne permettait de la placer devant le 28 µm de la Phrozen Mighty 8K.
Toutefois, à échelle normale, j’ai été forcé de constater que cette Elegoo Mars 4 DLP était supérieure à du 28 µm. En effet, bien que ce soit difficile à montrer avec mes compétences en photographie, les détails globaux, tels que ceux sur le manteau ou sous le chapeau, sont légèrement au-dessus niveau qualité. Les éléments sur les doigts, comme la bague, ou les ongles, sont aussi plus visibles. Cependant, avec une analyse du microscope, à 5% de la taille du fichier, la Phrozen LCD 8K est devant la DLP, chose qui ne devrait pas être le cas. Il y a de grandes chances pour que ce soit lié à l’anti-aliasing intégré par Elegoo, rendant malheureusement un flou obligatoire mais nous parlons d’une vision au microscope et pas à l’oeil nu.
Les prints
Le print de test Elegoo est une tour d’échec avec une base collée au plateau. Cette pièce s’est simplement cassée lors de son retrait… Du coup, ne m’en voulez pas de ne pas commenter cette impression ou de ne pas vouloir la reproduire.
Afin de tester les capacités de détails d’une machine DLP pour faire des miniatures, j’ai donc réalisé deux mages feu. A cette taille, le fichier est très net et très bien détaillé.
Par la suite, j’ai testé le fichier du Démon de l’ectasy de Alexei Konev, qui est plus petit que mon doigt. Les détails de cette figurine sont incroyables mais malheureusement pour moi, coller de si petits éléments n’est pas chose aisée.
Ensuite, j’ai enchainé par un print de Black Window avec de la résine standard.
Le test Elegoo Mars 4 DLP en vidéo
Notes et conclusion
Qualité d'impression - 9.5
Fiabilité - 9
Logiciel - 8
Utilisation - 8.5
Rapport qualité / prix - 8
8.6
/10
- Qualité DLP
- Silencieuse
- Consommation électrique maitrisée
- Assez onéreuse
- Volume d'impression
- Pas de Wifi