Suite au test du laser Sculpfun S9, quelques mois plus tard, un matin la sonnette de l’entrée retentit. En ouvrant la porte, une surprise m’attend : le livreur de la société GLS me propose un gros colis moyennant une petite signature. Je m’empresse évidemment de répondre à sa demande pour découvrir le contenu du carton : un graveur laser Sculpfun S10.
A l’intérieur de ce gros colis se trouvent plusieurs cartons :
- un laser Sculpfun S10
- un plateau Sculpfun «nid d’abeilles» (honeycomb)
- une pompe à air pulsé Sculpfun
- un accessoire de gravure rotatif
- un kit de détecteurs de fin de course (endstops)
N’étant plus totalement néophyte dans le domaine de la gravure / découpe, je vais pouvoir me servir de mes acquis afin de tester tous ces matériels.
L’élément le plus important de tous ces cartons est bien entendu le laser Sculpfun S10.
Comme son modèle précédent, cet outil permet la gravure et la découpe de bon nombre de matériaux ainsi que le marquage (gravure superficielle de la surface) de quelques métaux, verres et autres. D’un point de vue technique, le module laser possède une puissance optique de 10W.
La sécurité avant tout
Cet appareil utilise un Laser de Classe 4, de forte puissance, soumis à réglementations. Sa vision directe ou celle des réflexions diffuses comportent des risques oculaires majeurs (cécité irréversible). L’exposition cutanée est également dangereuse. Le port de lunettes de protection professionnelles adaptées est obligatoire.
- Ne pas utiliser cet appareil autrement qu’à titre personnel.
- Ne pas regarder le faisceau directement, ni ses éventuelles réflexions ou diffractions, sous peine de destruction irréversible de la rétine.
L’utilisation de cet appareil présente un risque d’incendie du fait de la haute température engendrée par le laser sur la surface de contact. Toujours rester à proximité immédiate pendant les opérations de gravure. Garder à proximité au moins un dispositif d’extinction d’un feu comme un pulvérisateur d’eau et/ou un extincteur est une sage précaution.
Des particules fines et des vapeurs / fumées éventuellement toxiques se dégagent. Prévoir de travailler dans un lieu bien aéré et éviter de respirer les émanations toxiques ! Certains matériaux sont à proscrire absolument (PVC par exemple).
Pour faire le tour de la question, la lecture du document publié par le CNRS est fortement recommandée : Risques liés aux lasers, cahiers de prévention
Ce matériel, malgré un cache occultant à la base du module laser, doit être utilisé avec un équipement de protection individuel (EPI) : de vraies lunettes de protection prévues pour la longueur d’onde du laser et portant un certain nombres de sigles de sécurité, normalement inscrits sur les verres et/ou les branches des lunettes, ce qui n’est pas le cas de celles livrées avec le graveur laser. Les yeux encore à ce jour ne sont pas des organes remplaçables. Il faudra donc investir dans l’achat de lunettes certifiées en application d’un proverbe québécois : « Qui risque un œil perd les deux ».
En résumé, comparé à une imprimante 3D, si un dysfonctionnement devait survenir, les dégâts pourraient être importants. Donc contrairement à l’impression 3D que je me permettais de laisser tourner sans surveillance dans mon bureau, je garderai un œil dessus (derrière les lunettes de protection évidemment 😏) même avec le cache de protection à la base du module laser.
Caractéristiques du laser Sculpfun S10
Taille de la gravure | 410 x 400 mm |
Matériaux de gravure | bois, papier, carton, plastique, carte PCB, aluminium, acier inoxydable 304, céramique, certaines roches. |
Matériaux de découpe | bois, acrylique teinté dans la masse (noir ou très sombre), carton, tissu, bambou, carton plastifié, carton plume |
Buse | pré-équipée pour ajout d’un système à air pulsé (air assistance) |
Puissance électrique de la machine | 60W (consommation maximale d’électricité) |
Puissance du laser à diode | 10W (énergie lumineuse ≠ énergie électrique (30W max ; 12V / 3A) |
Longueur d’onde du laser | 455±5nm |
Précision de la gravure | 0,1 mm |
Méthode de focalisation | laser à focalisation fixe, un dispositif coulissant utilise l’aide d’une cale cylindrique fournie (50mm) pour positionner la tête |
Cache occultant de protection du faisceau laser | le cache de protection du laser ne protège qu’en partie les yeux de l’utilisateur CELA NE DOIT PAS EMPÊCHER DE PORTER DE VRAIES LUNETTES DE PROTECTION |
Logiciels d’exploitation | LaserGRBL, LightBurn et d’autres plus exotiques (Benbox, GrblController, LiteFire), support des systèmes Windows et Mac |
Formats de fichiers pris en charge | BMP, JPG, PNG, DXF, SVG et autres formats d’images (dépend du logiciel utilisé) |
Méthode de transmission des données | connexion USB |
Alimentation électrique | prise EU : 100-240V AC, 50/60HZ ; sortie : 12V 5A (60W max) |
Certifications | CE, FCC, RoHS, FDA, IEC |
Poids | 3,40 kg |
Déballage des cartons
Laser Sculpfun S10
L’ensemble des éléments de ce laser Sculpfun S10 est inséré dans de la mousse de protection à l’intérieur du carton épais externe. Aucun problème avec le matériel n’ayant été constaté au déballage, la protection est efficace.
L’ouverture du colis donne accès à la tôle métallique recouverte de son film plastique de protection. Celle-ci servira à protéger la surface où sera posé le laser.
Le compartiment suivant donne accès aux différentes pièces qu’il faudra assembler. Chaque élément est bien emballé et calé dans des alvéoles adaptés.
Chaque profilé, emballé individuellement dans un film plastique, possède une étiquette indiquant son positionnement pour le montage.
Les pieds, trois identiques, un contenant le boîtier accueillant la carte de contrôle.
La tête laser sur l’axe X est guidée par un rail linéaire contrairement au modèle S9 qui lui utilisait des galets de roulements. Cela peut faire toute la différence en terme de finesse de gravure. La stabilité du faisceau laser est primordiale pour graver des éléments fins. Couplé à une carte mère 32 bits plus rapide et réactive, cela devrait permettre également d’avoir des déplacements de la tête rapides sans impacts sur le résultat gravé.
L’ensemble du matériel du laser Sculpfun S10 sorti de son carton. Chaque sachet de vis est clairement identifié en fonction des étapes du montage précisément décrites dans le manuel papier en trois langues. L’ensemble des parties métalliques est de la même couleur bleutée que le modèle S9.
La carte contrôleur du Sculpfun S10
Comme d’habitude, je ne peux me retenir d’ouvrir le «pied boitier» qui contient la carte contrôleur. D’une part pour en connaitre les références, d’autre part pour pouvoir insérer les câbles des interrupteurs de fin de course reçus en accessoire complémentaire.
Le marquage sur le PCB côté composants indique « XY DLC32 v1.0 », l’arrière porte le nom du fabricant : Sculpfun.
Le microcontrôleur est un ESP32 (32 bits) normalement capable de Wifi / Bluetooth si activé dans le firmware. Malheureusement, le firmware Sculpfun ne gère pas d’origine cette liaison sans-fil (l’ajout d’une antenne externe via le connecteur prévu serait de toute façon nécessaire).
Les pilotes moteurs (A4988) soudés sur la carte sont munis de refroidisseurs. Un emplacement non peuplé permettrait d’ajouter un autre pilote.
Cette carte ressemble au modèle de Makerbase (MKS), la DLC32 (elle, son firmware gère le Wifi et est dotée d’un connecteur permettant d’y brancher un écran).
Les connecteurs prévus pour les interrupteurs de fin de course sont bien présents. Il ne restera qu’à connecter les câbles. Des broches GPIO sont également présentes (pilotage de relais, par exemple).
Notice de montage
La notice papier trilingue (anglais, allemand, français), décrit les étapes de montage du graveur laser Sculpfun S10 (à noter que le titre parle du S9 mais l’image est bien celle du S10, en anglais et allemand le titre référence bien le S10) :
La notice uniquement en langue française
Ce QRCode au verso du livret papier permet d’accéder à d’autres documents en ligne :
- une notice de montage en six langues (espagnol, italien et polonais en plus des trois traductions du livret papier),
- une notice de prise en main des logiciels
- le QRCode pointant vers le modèle S9 possédant une notice de matériaux sains et ceux dangereux à ne pas utiliser. Absent pour le modèle S10, je remets le lien vers sa traduction en français
- une vidéo du montage de ce modèle
- le lien vers le Facebook Sculpfun
- le mèl de contact du support
Montage du Sculpfun S10
Le montage est très simple. Il suffit de suivre les instructions détaillées et illustrées de dessins explicites de la notice papier et/ou suivre la vidéo. Pour faciliter encore plus la tâche d’assemblage, les sachets contenant les pièces sont numérotés en fonction des étapes du montage : difficile de se tromper. Les outils permettant l’assemblage sont évidemment fournis (une des clés hexagonales (3 mm) est munie d’une poignée, bien pratique).
L’assemblage de ce modèle S10 étant identique à celui du modèle S9, pour avoir les étapes de montage plus détaillées, vous pouvez vous reporter à son test.
Sinon, en résumé:
- assembler les profilés et les pieds formant le bâti, en n’oubliant pas d’y incorporer le chariot portant la tête laser
- vérifier l’équerrage avant de serrer complètement toutes les vis (les diagonales du rectangle doivent avoir la même mesure)
- ajouter les courroies pour l’axe Y (sans doute l’étape la plus «difficile» quand on n’a pas de doigts de fées)
- vérifier que celles-ci sont tendues (ni trop ni trop peu) de manière semblable
- monter la tête laser à l’aide des vis [1] (dont la tête trop petite n’est pas pratique) sans oublier d’y ajouter le cache occultant, vis [2]
- installer la connectique électrique, chaque connecteur est clairement identifié et possède un détrompeur
- vérifier la complète insertion des connecteurs dans leur prise
- insérer le tube plastique servant de conduite d’air sur son arrivée au niveau de la buse du laser
- utiliser serre-câbles et bande velcro pour tenir le tout (câbles + tube) en laissant un peu de liberté lors des déplacements du chariot de tête
- vérifier le réglage des excentriques pour l’axe Y
Le carton d’accessoires: « endstops »
Raisons de l’ajout d’interrupteurs de fin de course
Sans dispositif matériel de mise à l’origine, le firmware considère la position à la mise sous tension comme étant l’origine matérielle [0,0]. Cela peut donc être n’importe où dans l’espace de travail.
La pratique habituelle est de déplacer manuellement la tête du laser vers le coin avant gauche avant de l’allumer. Ainsi, la position [0,0] du firmware (Point Origine Machine (POM)) se trouvera également dans le coin avant gauche.
Le programme de contrôle installé sur l’ordinateur (LaserGRBL ou LightBurn) et le firmware travaillent chacun avec son système de coordonnées. LightBurn, par exemple, considère le coin inférieur gauche de l’espace de travail comme l’origine [0,0] avec x et y pointant vers la droite et le haut dans un espace positif.
Pour les plus curieux, amateurs d’informations, ce sujet aborde plus profondément l’installation d’interrupteurs de fin de course sur le laser Sculpfun S9.
L’ajout d’interrupteurs de fin de course (axe X et axe Y) sur le cadre, permet d’automatiser l’orientation sans plus avoir à déplacer manuellement la tête laser avant d’allumer la machine. Le processus de positionnement est facilité et permet d’obtenir une répétabilité constante,
Revenons au déballage. Le carton, par rapport aux autres, est le plus petit. Encore une fois, tout est bien emballé et étiqueté. Tous les éléments permettant l’installation sont fournis (serre-câbles, vis, éléments à fixer pour le passage du câble, insert cache profilé, clé hexagonale).
Montage des interrupteurs de fin de course
Une feuille recto indique les étapes à suivre pour ajouter ces interrupteurs sur le laser Sculpfun S10 (également prévu pour le modèle S9). Un QRCode renvoie vers une vidéo de montage.
En résumé:
- ouvrir le boitier électronique pour permettre l’accès aux connecteurs « endstops » de la carte
- installer physiquement les interrupteurs :
- à l’avant gauche pour l’axe Y
- à gauche sur le rail mobile de l’axe X
- connecter les câbles électriques d’une part sur l’interrupteur de fin de course, d’autre part sur l’emplacement libre de la carte (X => X, Y => Y)
- utiliser les passe-câbles et caches fournis pour assurer le maintien des câbles sur le bâti
Modification des paramètres GRBL pour prendre en compte cet ajout
Le firmware originel prend en charge la gestion des interrupteurs de fin de course sans nécessiter d’en flasher un nouveau. Il faut simplement modifier quelques paramètres GRBL (les $…) pour qu’ils soient pris en compte.
- indiquer que le firmware gère la mise à l’origine : $22=1
- définir la direction dans laquelle les commutateurs sont recherchés par l’algorithme de mise à l’origine: $23
- en position Y à l’avant gauche (ou droite) et X à gauche, le masque prend la valeur 3. Donc $23=3 (ou 7, le firmware ne prenant pas en charge l’axe Z)
- l’ajout des interrupteurs modifie légèrement la taille de l’espace de travail, définie par les paramètres $130 (axe X) et $131 (axe Y).
- dans mon cas, $130=390 et $131=395 (la taille en X est réduite surtout à cause de la buse et son arrivée d’air pulsé)
- par défaut après mise à l’origine, la tête est déplacée de 3 mm en X et Y pour qu’elle ne reste pas en contact des interrupteurs.
- j’ai réduit cette distance à 1 mm, $27=1
- on peut modifier également les vitesses de mise à l’origine via les paramètres $24 et $25 (j’ai laissé les valeurs par défaut)
Sans réel rapport avec la mise à l’origine mais toutefois bien pratique, il est possible d’activer une « sécurité » empêchant le laser de se déplacer hors-limites matérielles.
Pour cela, il suffit d’activer les limites souples (“soft limits”): $20=1
Le laser Sculpfun S10 est désormais monté et prêt à effectuer gravures et découpes.
Dernières vérifications, réglages avant de brancher l’alimentation
Quelques dernières vérifications matérielles ne peuvent nuire :
- vérifier que le bloc laser se déplace bien parallèlement à la barre avant du châssis.
- amener manuellement le laser au plus près de la barre avant mais sans la toucher.
- déplacer le laser de droite à gauche : il doit rester à la même distance tout le long du trajet.
S’il s’éloigne trop ou s’il frotte à une extrémité, c’est que le chariot n’est pas positionné parallèlement à la barre.- desserrer la courroie du côté à modifier et la déplacer sur la roue crantée. Une dent sur la poulie est souvent suffisante pour rattraper le réglage.
- resserrer la courroie et recommencer la vérification, jusqu’à ce que le laser se déplace bien parallèlement à la barre.
- s’assurer que le châssis et le matériau à graver soient bien parallèles.
Pour éviter le déplacement du graveur (ce qui pourrait arriver lors d’allers-retours brusques de la tête laser), il vaut mieux le fixer sur la table de travail :
- simplement en collant les patins caoutchoutés fournis dans les accessoires sur la base des pieds métalliques,
- ou, plus élaboré, avec des supports imprimés en 3D,
- ou encore découpés dans une planche de bois à l’aide du laser.
Cartons pompe à air et grille support en nid d’abeilles
La pompe à air Sculpfun, comme à l’accoutumée, est bien protégée à l’extérieur par un carton d’emballage épais contenant une boite en polystyrène. Le flux d’air est modulable via un potentiomètre placé sur le câble d’alimentation.
La buse est équipée d’origine d’une arrivée d’air.
Le tube d’air fourni avec le laser Sculpfun S10 sera relié à la sortie d’air de la pompe et à l’entrée d’air de la buse.
Cette pompe fournit un flux d’air comprimé soufflant sur le matériau à découper, ce qui permet:
- de refroidir le matériau,
- d’éviter les dommages causés par la chaleur,
- d’évacuer débris et fumée produits pendant le processus de découpe au laser.
- d’obtenir une découpe plus nette et plus précise contribuant à prolonger la durée de vie du laser en empêchant la fumée d’adhérer à la lentille de celui-ci,
- d’empêcher le matériau de s’enflammer pendant le processus de découpe au laser, améliorant la sécurité du lieu de travail.
En association avec la pompe, la grille support en nid d’abeilles permet :
- de pallier aux brûlures à l’arrière du matériau découpé, en évitant le rebond du faisceau sur l’arrière du matériau,
- d’éviter l’accumulation de la chaleur et de la suie provoquant des marques disgracieuses,
- de faciliter l’évacuation des fumées lors d’une découpe
A noter qu’une plaque métallique aux dimensions de la grille support est également fournie (non photographiée). Sous la grille support, on posera cette plaque (après avoir enlevé les films plastiques de protection) sur la surface où est placé le laser afin de protéger celle-ci.
Caractéristiques du module laser 10W du Sculpfun S10
Ce laser S10 est un modèle 12V / 5A dont l’intensité lumineuse est commandée par PWM, de puissance lumineuse (optique) de 10 W.
D’après ces images extraites du site Sculpfun, à l’instar du modèle S9, il possède une plage de coupe étendue, un point focal de moins de 0,1 mm. La base de la tête bien que possédant un cache occultant (sur trois côtés), je préconise d’utiliser des lunettes de protection adaptées.
D’après son fabricant, ce laser permet de couper de nombreux matériaux «épais», certains en une seule passe (vidéo) :
Réglage de la focalisation
Pour des explications plus théoriques, je renvoie à mon topic de découverte du Sculpfun S9.
La notice de montage indique la manière d’effectuer la focalisation (réglage du point focal, le «focus»). Après ce réglage, la partie la plus fine du faisceau (point focal) se trouve au plus près de la surface du matériau à graver ou découper.
- desserrer les deux vis à l’arrière du module laser
- placer la cale fournie (50 mm de haut) sous le radiateur et sur le matériau à graver
- descendre le bloc laser et le poser sur la cale
- resserrer les vis (la taille des têtes des vis gagnerait à être plus grande)
- enlever la cale, le réglage est terminé.
Logiciels pour le graveur Sculpfun S10
De même qu’une imprimante 3D nécessite un logiciel de tranchage pour transformer un fichier modèle (STL) en une suite de commandes (Gcode), un graveur laser a besoin lui aussi de son propre logiciel permettant de transformer un dessin, une image en une suite d’instructions (là encore du Gcode) réalisant la découpe / gravure.
Plusieurs logiciels permettent de réaliser ces tâches. Les plus connus sont LaserGRBL et Lightburn.
Comme pour tout logiciel, la lecture de sa documentation (RTFM) permettra d’obtenir bon nombre d’informations et d’astuces utiles à un usage quotidien.
Sources de téléchargement
Pilote USB (Windows / Mac, Linux n’en a généralement pas besoin). A noter que LaserGRBL inclut une option pour installer le pilote du Sculpfun S10.
LaserGRBL depuis le site officiel.
LightBurn, la version d’essai est utilisable gratuitement durant 30 jours.
En cas d’achat de la licence (≃ 60€), choisir la variante “LightBurn Software – GCode License Key“. Celle-ci est valable à vie, mais sans renouvellement annuel, il n’y a plus de mises à jour. Cette licence permet l’installation sur deux ordinateurs.
Je ne m’attarderai pas sur l’installation de ces outils et leurs paramétrages. Une procédure détaillée est disponible dans mon sujet «au long cours».
Méthodologie des tests
Multi-tests de gravure
Comme pour le test du modèle S9 de Sculpfun, j’utiliserai uniquement le logiciel Lightburn dont j’ai acquis la licence (60€). Cette licence m’a permis de bénéficier de mises à jour durant un an. A son expiration, j’aurais pu continuer de l’utiliser sans plus bénéficier de mises à jour. Comme c’est un très bon logiciel et que je soutiens son développement, j’ai renouvelé sa licence pour la moitié de son prix d’achat (< 30€).
De nombreux modèles de tests «préconfigurés» sont disponibles en ligne, Lightburn via le menu [Laser Tools] en propose également. Le test que je retiens pour la gravure provient du site Hobbylasercutters.
Son intérêt est de permettre de voir rapidement quels paramètres sont les plus adéquats lors d’une gravure avec un matériau sélectionné. Il se compose de quatre zones :
(1) Échelle de puissance (Power scale) | Gravure avec différents niveaux de puissance, à différentes vitesses. |
(2) Échelle d’intervalle (Interval scale) | Permet de découvrir la forme du point focal du laser (carrée / rectangulaire). |
(3) Gravure de photos (Photos engraving) | Gravure d’une petite photo, de 20 mm de côté, en modifiant la puissance maximale du laser. NB : La gravure des photos est lente car la tête laser doit balayer ligne par ligne comme une imprimante à jet d’encre. |
(4) Gravure d’image vectorielle (Vector image engraving) | Les images vectorielles sont plus rapides à graver, la tête du laser suit directement les lignes de conception. Les formes fermées sont remplies avec un motif permettant d’obtenir une trame ou une grille sur les zones noires. |
Résultats des tests réalisés avec du MDF et du contreplaqué de bouleau :
La puissance du laser (10W) est nettement visible, particulièrement dans la zone (1) où les motifs les plus à droite ne sont pas seulement «brûlés», une partie de la matière a disparu, le matériau est creusé. Pour des gravures avec ce contreplaqué, 50% de puissance seront amplement suffisants :
Un second modèle de test, réalisé sur de l’aluminium anodisé noir permet grâce à la finesse de gravure de «découvrir» la forme du point focal (carré / rectangulaire) du Sculpfun S10.
- Progression des intervalles : 0,05 à 0,4 mm (pas de 0,05 mm), sens horizontal et vertical
- Vitesse de gravure des carrés externes : 1000 mm/min
- Vitesse de gravure des carrés internes : 100 mm/min
- Vitesse de gravure du texte et des trames : 600 mm/min
- Puissance : 100%.
Résultats du test réalisé sur une plaque d’aluminium anodisé noir :
Le texte de 1 mm de haut est net (c’est ma photo qui est floue 😁 ). La gravure des carrés ne permet pas vraiment de constater une différence d’épaisseur suivant que celle-ci se fait horizontalement ou verticalement. Les lignes des carrés sont parfaitement rectilignes, le rail linéaire de l’axe X y est sans doute pour beaucoup. Le test des intervalles situe le point focal entre 0,05 et 0,1 mm (le fabricant, Sculpfun, indique un point focal de 0,06 x 0,08 mm) .
Multi-test de découpe
Le modèle S10 étant plus puissant que le S9, je modifie les paramètres de coupe afin de déterminer les plages de valeurs utilisables. L’assistance d’air est utilisée pour faciliter les coupes et éviter les brûlures indésirées.
Résultats des tests réalisés sur du MDF (3 mm) et du contreplaqué de peuplier / bouleau (3 et 5 mm) :
L’assistance d’air a pleinement joué son rôle. Le MDF étant un mélange de poudre de bois et beaucoup de colle est bien plus difficile à couper (de plus, l’odeur émise n’est pas des plus agréables… A mon avis, c’est un matériau à éviter) et pas qu’avec le Sculpfun S10.
Quelques gravures avec le Sculpfun S10
Bois
Inox
Ardoise
Quelques découpes
Bois (CP bouleau 3mm)
Acrylique opaque à la lumière (noir) 3mm
Papier Canson coloré (160 g/m2)
L’accessoire rotatif du Sculpfun S10
Pour pouvoir graver sur des objets cylindriques, un accessoire complémentaire s’avère nécessaire. Nous allons donc procéder au déballage et à l’installation du Sculpfun Rotary Roller pour finir par quelques tests effectués
A l’instar des autres colis, les éléments sont bien emballés et calés dans leurs alvéoles.
Le matériel est déjà assemblé. Il n’y aura comme réglage qu’à espacer un des rouleaux pour y poser l’objet à graver. Chaque côté des profilés possède une graduation permettant d’assurer le parallélisme des deux rouleaux d’entrainement. La dernière étape consistera à tendre la courroie. Ensuite, il faudra débrancher du moteur Y, le câble venant de la carte contrôleur, le reconnecter avec un des deux câbles fournis (celui identifié «A») et brancher l’autre extrémité sur le moteur de l’outil rotatif.
Les explications du feuillet sont suffisantes. Sculpfun propose également une vidéo du montage.
Des pièces permettant de surélever le graveur sont fournies. En fonction de la hauteur de l’objet gravé, on vissera ces pièces à la base des pieds.
Par rapport à la surface où est posé le graveur, cet outil rotatif élève la hauteur de gravure de 50 mm. En fonction de l’objet à graver, on utilisera les rehausses munies de quatre perforations (100, 115, 120 et 145 mm).
Quelques tests avec cet accessoire
Pour débuter en toute quiétude, un rouleau d’essuie-tout :
La seule difficulté vient de mon ajout d’interrupteur de fin de course. Ayant activé la recherche de l’origine au démarrage de Lightburn, l’axe Y ne se déplaçant plus, la mise à l’origine ne peut évidemment pas aboutir. Une fois cette option désactivée, tout rentre dans l’ordre et le rouleau peut finalement être gravé sans aucune autre modification.
On passe à la gravure sur bois d’un coquetier. Mon premier essai est trop marqué (creusé). Après réduction de la vitesse et puissance de gravure, c’est un peu mieux :
Quelques crayons de couleurs nominatifs pour mon adorable petite fille :
Un stylo «publicitaire» :
Soyons fou et tentons une gravure sur de l’inox, un thermos pour ma boisson favorite, le café :
Est-il possible de graver / marquer sur du verre ?
La réponse est oui… Mais pour ce faire, la surface du verre doit être opacifiée soit avec de la peinture soit avec un papier spécial (ce que j’ai utilisé).
A noter qu’on peut utiliser ces techniques pour graver / marquer sur du plexiglas transparent.
Avant de conclure
Le site de Sculpfun s’est bien étoffé depuis la sortie du modèle S9. Quelques documentations permettent de résoudre la plupart des difficultés susceptibles d’être rencontrées et apportent des conseils de maintenance. Je ne peux que vous conseiller d’aller y jeter un coup d’œil.
Lors du test de ce graveur, du jour au lendemain, le laser avait perdu de sa puissance. La lecture du sujet sur la maintenance ne m’a pas permis de résoudre le soucis malgré un nettoyage de la lentille. La gravure sans utiliser l’assistance d’air avait réussi à détériorer celle-ci 🙁 . Heureusement, après achat et remplacement de celle-ci, tout est revenu en ordre. Moralité, même pour des gravures, j’utilise l’assistance d’air (un léger filet d’air, réglable à l’aide du potentiomètre sur le cordon d’alimentation électrique) et je nettoie régulièrement la lentille.
Ce groupe Facebook (langue commune anglais) permet d’entrer en relations avec d’autres utilisateurs, y compris avec un des employés de Sculpfun (Wi Will) qui peut faire la liaison avec le SAV si nécessaire.
Sachant que chaque matériel, chaque matériau réagit différemment, plutôt que donner des paramètres généralistes de gravure / découpe, je vous propose le lien d’une archive contenant tous les fichiers Lightburn ayant servis aux tests présentés.
L’art de la gravure / découpe demande d’y passer du temps et d’effectuer de nombreux tests. C’est le lot d’ailleurs de tout nouvel outil : avant de parvenir à sa maitrise, il y a une phase plus ou moins longue d’apprentissage faite d’essais et d’erreurs. La persévérance et l’assiduité donnent l’occasion de passer de néophyte lors du test du modèle S9 à apprenti… La route est encore longue avant d’atteindre le niveau «maître» 😉
Un dernier rappel : ce matériel étant une machine équipée d’un laser, au-delà de la protection intégrée, je vous recommande le port de lunettes de protection, la surveillance continue de la machine pendant le fonctionnement et la présence d’un extincteur à proximité.
Améliorations et upgrades pour le Sculpfun S10
Le seul gros reproche que je ferais à ce graveur est son absence d’autonomie : il doit être relié en USB à un ordinateur pour fonctionner. Bien que le contrôleur de la carte (ESP32) permette normalement une communication Wifi / Bluetooth, Sculpfun n’a pas implémenté le code dans ce contrôleur.
Pour être exact, un firmware «expérimental» activant le Bluetooth est proposé depuis peu sur le site du fabricant… Le matériel étant fonctionnel en l’état, je n’ai pas testé cette installation, appliquant l’adage : «quand tout fonctionne, on ne touche plus à rien» 😉
Cela dit, comme avec mon modèle S9, je l’ai relié à une carte Raspberry Pi (un RPi Zero 2W) sur lequel tourne Octoprint avec l’ajout de l’extension Better GRBL Support. Ceci me permet de surveiller le tout à distance via une webcam connectée au RPi et d’envoyer les fichiers à graver / découper sans mobiliser une connexion permanente de mon PC au graveur. Une fois le fichier à graver / découper préparé avec Lightburn, celui-ci est enregistré au format gcode (.gco, .gcode) puis transféré dans l’emplacement dédié sur la carte SD accueillant Octoprint.
Conclusion
Ce matériel, le graveur Sculpfun S10, est d’un montage facile. La lecture du livret papier ou le visionnage de la vidéo, scrupuleusement suivi, permet en moins d’une demi-heure, sans se presser, tout en effectuant les vérifications indispensables (équerrage de la structure, réglage des excentriques), d’avoir une machine prête à fonctionner.
Ce modèle S10 est une bonne évolution par rapport au S9 :
- le laser, plus puissant (10W contre 5W sur le S9) permet des découpes de matériaux plus épais ainsi que des gravures plus rapides à puissance égale,
- la buse est prête à accueillir une assistance d’air,
- l’axe X portant le laser est muni d’un rail linéaire assurant des déplacements sans failles,
- la carte contrôleur plus puissante (32 bits) permet des déplacements et accélérations plus rapides.
En lui ajoutant le compresseur d’air et la grille support, on obtient un outil qui complètera la panoplie de tout bon «maker».
Notes, avantages et inconvénients du graveur laser Sculpfun S10
Qualitéde gravure / découpe - 9.7
Fiabilité - 9
Utilisation - 9.2
Rapport qualité / prix - 9.2
9.3
/10
- Déballage, montage rapide
- Qualité de fabrication, solidité des profilés 2020
- Axe X guidé par un rail linéaire
- Buse pré-équipée pour assistance d'air
- Tous les outils nécessaires au montage et à la maintenance sont livrés d’origine
- Manuel PDF disponible en plusieurs langues dont le français
- Possibilités nombreuses (moyennant l'achat) de compléter le matériel : compresseur d'air, panneau en nid d'abeilles, caisson d'isolation, interrupteurs de fin de course, outil rotatif, agrandissement de l'axe Y…
- Coût d'achat raisonnable
- L'utilisation de pilotes moteurs (A4988) se fait entendre lors des déplacements de la tête
- Le ventilateur de refroidissement du laser est loin d'être silencieux
- Absence d'origine de détecteurs de fin de course facilitant la mise à l'origine, la répétabilité
- Absence d'un écran et de son lecteur de carte SD ne permettant pas le fonctionnement autonome : le matériel doit être connecté à un ordinateur pour fonctionner