On se retrouve pour le test de la Kingroon KLP1 Touch Screen ou V2, il s’agit de la version mise à jour de l’imprimante CoreXY sous Klipper de Kingroon. Cette imprimante se veut être une concurrente à faible coût des Creality K1, Bambu Lab P1S ou encore Qidi X-Smart 3, vérifions si c’est le cas !
Fiche technique de la Kingroon KLP1
Technologie | FDM |
Volume maximal d’impression | 210 x 210 x 210 mm |
Hauteur de couche | De 50 à 350 microns |
Type d’extrudeur | Direct Drive “Dual Gear 5:1” |
Température maximale de la buse | 300°C |
Température maximale du plateau | 100°C |
Vitesse maximale d’impression | 500 mm/s |
Accélération Maximale | 20 000 mm/s² |
Vitesse recommandée d’impression | 350 mm/s |
Firmware | Klipper |
Nivellement du plateau | Capteur de nivellement inductif |
Filaments compatibles | PLA, ABS, PETG, TPU, PA, ASA |
Connectivités | Wifi, RJ45 & USB |
Dimensions | 40 x 42 x 42 cm |
Poids | 15 kg |
Concurrence | Creality K1, Qidi X-Smart 3 |
Déballage (unboxing) et montage de la Kingroon KLP1
L’emballage d’expédition est classique mais correct. Il s’agit d’un carton épais avec de la mousse de type Foam qui enveloppe l’imprimante, les panneaux en plexiglas sont mis dans la structure de l’imprimante pour les protéger lors du transport.
Le montage est quant à lui réduit : il faut retirer les vis de maintien du système Core XY et du plateau, c’est une pratique classique qui évite les soucis lors du voyage. Ensuite, assembler les parois plexy latérales, la porte et la trappe supérieure.
En dehors de cela, il n’y a que le support de bobine à visser pour terminer le montage.
Cette vidéo résume le déballage et l’assemblage avant mise en route de la KLP1.
Configuration matérielle de la Kingroon KLP1
L’imprimante testée ici est la seconde version de la KLP1, appelée par Kingroon KLP1 “Touch Screen”.
Voici la liste des améliorations qui ont été apportées à cette évolution de la V1 :
- Un meilleur système de support et de maintien du plateau, sans molettes de réglage.
- Des tiges linéaires plus espacées sur l’axe Z pour apporter une meilleure stabilité au plateau.
- Un bloc de chauffe en céramique à la place du bloc Volcano initial.
- La carte mère Kingroon KP Cheetah qui passe en V2.0, ce qui apporte l’intégration du Wifi en natif sans l’utilisation d’une clé USB Wifi.
- Ajout d’un écran TFT 3.5″ résistif (MKS PI TS35).
La carte mère de la KLP1 utilise un processeur 64bits comparable en puissance à un Raspberry Pi 3 et est équipée d’un module mémoire MKS eMMC pour le stockage du système Klipper. Nous retrouvons trois drivers TMC2209 pour le contrôle des axes X / Y / Z. Le moteur d’extrudeur sera lui piloté par un driver TMC2209 situé sur la carte THR qui est présente sur la tête d’impression.
La carte THR qui équipe la tête d’impression permet la gestion complète de l’extrudeur et de la hotend, mais intègre aussi un accéléromètre pour la calibration de la résonance. La liaison entre la carte mère et la carte THR est assurée par un câble à quatre fils mais point de liaison Canbus ici, c’est une liaison via bus USB qui est utilisée.
L’imprimante est équipée d’une alimentation 24V de 12.5A soit 300W, ce qui me semble un peu juste compte tenu du plateau chauffant 24V supportant 100°C et la buse 300°C. Mais le plus surprenant est que cette dernière est deux fois plus compacte que l’alimentation 24V 360W d’une FLsun SR par exemple.
L’extrudeur est en Direct Drive, les mouvements de la tête se font sur rail linéaire et le nivellement automatique est géré par une sonde inductive, ce qui nécessite une surface d’impression métallique comme la feuille d’acier PEI qui équipe cette imprimante.
Mise en route et configuration firmware de la KLP1
Avant de mettre l’imprimante sous tension, j’en profite pour effectuer la configuration du Wi-Fi. Cela nécessite d’indiquer le SSID (nom du réseau) et le mot de passe associé dans un fichier de configuration à placer sur une clé USB et l’insérer sur l’un des port USB de la KLP1. Cette procédure est clairement expliquée dans la documentation mais n’est compatible qu’avec les réseaux de bande 2.4 GHz.
Premier démarrage et première surprise, toute l’interface est en chinois, il faut donc naviguer à vue pour passer l’interface en anglais ou en français. J’avoue ne pas trop comprendre pourquoi l’imprimante n’est pas en langue anglaise ou ne propose pas le choix de langue lors du premier démarrage, cette machine n’est pas uniquement destinée au marché chinois. Heureusement pour les futurs acquéreurs, Kingroon a justement mis en ligne une vidéo YouTube pour vous guider sur cette étape.
Klipper sur la Kingroon KLP1
Sur le TFT 3.5″, nous avons une interface Klipper Screen rien de plus classique. Cependant, sur un si petit écran de 3.5″, certains boutons sont difficilement utilisables si l’on a pas de doigts d’enfant, surtout avec un écran résistif. Le stylet fournit avec l’imprimante devient très vite essentiel.
Personnellement, je trouve l’utilisation de l’interface Klipper Screen peu confortable à l’usage sur un écran aussi petit mais sa présence permet au moins un usage autonome de l’imprimante.
Par contre sur l’interface écran, les boutons de chargement et de déchargement du filament ne sont pas fonctionnels car les macros nécessaires sont absentes de la configuration. Obligation donc d’utiliser les boutons “extruder” et “rétracter” à la place.
Via un navigateur web d’ordinateur, l’interface Klipper est sous Fluidd, ce qui ne pose aucun soucis en soi mais ici encore, la langue par défaut est le chinois. Voici les étapes pour changer la langue de l’interface.
Un rapide tour d’horizon dans la configuration Klipper nous montre des incohérences et incompréhensions de Kingroon sur la configuration de Klipper. En effet, si l’interface Mainsail est aussi présente sur l’imprimante (c’est un bon point), un passage sous Mainsail affichera un joli message indiquant que l’interface ne sera pas entièrement fonctionnelle car les macros Pause et Resume sont absentes.
Plus grave encore selon moi, dans le fichier de configuration printer.cfg, en plus de l’absence de macro utile comme le M600, l’ajustement des courants de drivers moteurs X / Y / Z n’est pas adapté. En effet, le “Run Current” est définit à 1.3A là où la documentation Klipper explique clairement que les drivers TMC2209 ne doivent jamais avoir une valeur de courant supérieure à 1.2A. En réalité, 1A suffit amplement en Run Current pour ces axes.
Autre point, la ligne définissant le mode de fonctionnement des drivers Stealth_chop doit être commentée pour éviter des soucis à l’utilisation. Ce mode de fonctionnement silencieux est déconseillé à partir de 200 mm/s dans les documentations de Klipper et des TMC2209, et est à bannir à partir de 250 mm/s. C’est surprenant pour une KLP1 donnée pour 350 mm/s de vitesse classique de fonctionnement et jusqu’à 500mm/s au plus rapide.
Voici ce que j’ai effectué comme ajustement de la configuration des drivers.
J’ai remonté durant mes tests tous les incohérences et erreurs repérées à Kingroon afin de faire évoluer la configuration de cette imprimante dans les prochaines versions du firmware.
Logiciel slicer
Aucun logiciel n’est fourni par Kingroon pour la KLP1. Il y a sur la carte microSD un profil très basique prévu pour Cura, compatible avec la version 5.4. Pour être objectif, ce profil est fonctionnel mais clairement pas optimisé. Grâce à la communauté Kingroon, la marque a depuis début août présenté un tutoriel et un profil pour l’utilisation de Orca Slicer, disponible sur le site du constructeur.
Pour être honnête, ce profil n’est pas parfait, il méritera d’être peaufiné en fonction de vos usages mais il apporte une base de départ correcte. De mon côté, j’avoue préférer utiliser OrcaSlicer qui est devenu depuis quelques mois mon slicer de prédilection.
Impression de test (PLA)
Les fichiers d’impression de test disponible sur la clé USB fournie sont des Benchy Boat. Il y a trois versions : une version “standard” qui s’imprime en 29 minutes, une version “rapide” qui s’imprime en 20 minutes et 24 secondes précisément, et une version “Berserker” qui s’imprime en à peine moins de 19 minutes.
J’ai imprimé le Benchy standard avec un vieux filament GST3D complètement humide : résultat pas parfait à cause de la qualité du filament mais le rendu était plus que correct.
J’ai donc décidé d’imprimer par le suite le Benchy en mode rapide pour voir les capacités d’impression et le refroidissement de la KLP1. Voici la vidéo en temps réel de l’impression.
Le résultat est plutôt bon pour un Benchy qui s’imprime à cette vitesse (filament PLA de marque Chromatik). Le refroidissement du seul ventilateur 5015 présent est plutôt efficace. Malgré la non-présence d’une ventilation auxiliaire, la coque avant du bateau ainsi que les ponts de la cabine ne souffrent pas de défaut lié à un manque de refroidissement. Les seuls défauts constatés sont localisés sur l’extrémité de la cheminée qui n’est pas parfaitement ronde, mais cela est lié à la machine reçue qui présente un léger problème technique. J’évoquerai ce souci plus loin dans ce test.
D’autres matériaux et impressions
Qu’en est-il des capacités d’impressions de la KLP1 ? La PLA ne pose pas de souci mais nécessite de laisser l’imprimante ouverte. Le PLA chargé de particules non plus et des buses en acier trempé existent pour imprimer en fibre de carbone (PLA-CF).
Le PETG ne pose pas de souci non plus mais comme souvent avec le ce matériau, oubliez les hautes vitesses d’impression.
Les filaments en ABS et ASA sont techniquement compatibles avec la KLP1 mais il ne faut pas oublier que l’imprimante n’est pas parfaitement close : il y a des espaces sur les panneaux latéraux et le panneau acier du fond, sans oublier l’absence de filtration HEPA et charbon actif (au contraire de la Qidi X-Plus 3). Mais le plus embêtant est que le capteur inductif pour l’auto-nivellement devient inopérant si le caisson atteint une température supérieure à 55°C. Si vous comptiez régulièrement imprimer en ABS, vous serez obligé de faire des pauses entre deux grandes impressions, sous peine de voir votre buse s’écraser sur votre plateau.
Petit problème sur mon imprimante et le SAV Kingroon
J’ai précédemment parlé d’un problème technique sur la KLP1 que j’ai reçue. En effet, j’avais remarqué quelques légers défauts sur la cheminée du Benchy boat mais j’ai aussi constaté quelques imperfections sur d’autres impressions réalisées par la suite : principalement des déformations sur les formes circulaires.
J’ai donc décidé de regarder la configuration du firmware pour comprendre le problème. Après analyse de la configuration Klipper, j’ai repéré quelques erreurs de configuration comme le courant des drivers mal ajustés et la non présence de macros essentielles à certaines fonctions.
Mais mes défauts d’impression ne venaient pas de là, j’ai donc décidé de regarder la partie mécanique et quelle ne fut pas ma surprise de relever un souci sur l’un des deux moteurs du système de Core XY.
Il faut comprendre que les moteurs X et Y travaillent ensemble pour les déplacements sur les plans X et Y, mais un seul moteur est utilisé dans le cas d’un déplacement en diagonal de 45 degrés.
Comme vous pouvez le voir sur cette courte vidéo, j’ai effectué des tests de déplacement de la tête et on comprend très vite qu’il y a un problème.
J’ai réalisé plusieurs tests à des vitesses allant de 200 à 500 mm/s et des accélérations de 10 000 à 20 000 mm/s². Ma conclusion est simple : sur mon exemplaire de KLP1, le moteur de gauche manque de couple et ne tient pas les accélérations supérieures à 10 000 mm/s² à haute vitesse d’impression, malgré la présence d’un ADXL345. De plus, le moteur commencera à perdre aléatoirement des pas à partir d’une vitesse supérieure à 250mm/s et des accélérations de 20 000 mm/s².
Je suis donc entré en contact avec le SAV de Kingroon afin de remonter les soucis de configuration Klipper et du problème mécanique sur mon imprimante. Le support a confirmé que mes informations au sujet du firmware étaient pertinentes et qu’ils apporteront des corrections à l’avenir pour proposer un configuration plus aboutie de la KLP1.
Par contre, pour la résolution de mon souci mécanique, c’est loin d’avoir été aussi bien pris en compte. Au moment où j’écris ces lignes, il s’est écoulé six semaines et les réponses à chacun de mes mails me sont parvenues sous un délai de trois à neuf jours.
Kingroon a effectué un changement de locaux fin août, ce qui a causé quelques retards de leur côté mais la lenteur de réponse aux courriels et d’envoi de pièces de rechange peuvent difficilement se justifier. J’espère que ces délais ont été causés par le déménagement et que le support sera plus réactif à l’avenir.
Il n’est pas rare avec un fabriquant chinois de devoir attendre pour recevoir une pièce détachée car ils n’ont pas toujours de stock dans un entrepôt européen, mais on arrive généralement à obtenir les pièces sous une dizaine de jours et surtout une réponse à un mail dans un délai acceptable de deux ou trois jours.
Pour finir, mon souci n’a pas été correctement traité par le SAV de Kingroon qui se trouve clairement dépassé. J’ai fini par recevoir des pièces mais pas toutes. Le moteur de remplacement ne m’a pas encore été envoyé et j’ai donc fini par remonter les moteurs et courroies du CoreXY d’origine, qui ne sont vraiment pas pratique d’accès et demande beaucoup de patience.
Améliorations et upgrades
Quelles sont à mon avis les améliorations à prévoir sur la KLP1 ?
- Optimisation de la configuration Klipper : ajuster le “run_current” des drivers et commenter le mode “stealth_chop”.
- Ajouter les macros absentes utiles, telles que “load & unload filament”, “M600” pour le changement de filament en cours d’impression.
- Filmer avec une webcam est difficile car le port USB est situé à l’extérieur du caisson et rien n’est prévu pour fixer une caméra à l’intérieur.
- Le détecteur de fin de filament n’est pas 100% compatible avec le tube PTFE, il faut ajuster ou imprimer une pièce intermédiaire.
- L’imprimante étant totalement métallique, l’antenne Wi-Fi 2.4 GHz manque de portée. Il pourrait être nécessaire d’installer une antenne extérieure avec une puissance supérieure si votre box wifi est éloignée.
- Le capot supérieur vient se poser sur la bobine quand on l’ouvre, je vous recommande donc d’imprimer des butées qui empêcheront ce problème.
Quelques liens vers des upgrades simples et utiles à imprimer :
A qui je conseillerai cette imprimante
Je ne peux malheureusement pas recommander cette imprimante à des débutants en impression 3D ou à des utilisateurs cherchant une machine relativement plug & play. Si matériellement, la dernière version (V2) de la KLP1 n’est pas forcement une mauvaise machine et que l’on écarte les soucis que j’ai pu rencontrer sur mon exemplaire, elle est à mon avis disqualifiée à cause d’un SAV peu réactif, des erreurs et des oublis sur la configuration Klipper.
Elle pourrait par contre rester dans la liste des imprimantes CoreXY rapides et closes qui sont recommandables pour des utilisateurs expérimentés qui ont l’habitude de la configuration de firmware et de Klipper, et qui n’auraient pas peur de se débrouiller seuls pour améliorer ou dépanner l’imprimante en cas de soucis technique. Pas l’idéal, cela dit.
Il est vrai que l’imprimante est rapide, fermée et à un prix très agressif mais cette imprimante est bien moins plug & play que la Creality K1, la Bambu Lab P1S, la Qidi X-Smart 3 ou les nouvelles FlashForge 5M / 5M Pro, par exemple.
Notes et conclusion
Qualité d'impression - 8.5
Fiabilité - 6
Logiciel - 6
Utilisation - 7
Rapport qualité / prix - 4
6.3
/10
- Prix bas
- Klipper totalement ouvert
- Imprimante compacte
- Vitesse d'impression
- SAV pas à la hauteur
- Configuration de Klipper pas optimisée
- Profil d'impression non optimisé
- Capot supérieur qui repose sur la bobine à son ouverture
- Impression ABS impossible à enchainer