Voyant qu’on s’intéressait à sa première imprimante, le constructeur Kywoo nous a tout de suite proposé de tester la Tycoon. Aimant les nouveautés, j’ai proposé de m’en charger afin de découvrir ce châssis particulier. L’imprimante a entre temps été financée sur Kickstarter et c’est encore une fois une version “prototype” que j’ai reçue pour découvrir le premier modèle de ce constructeur asiatique.
Les points clés de la Tycoon
L’imprimante 3D Kywoo Tycoon repose donc sur un châssis doté d’un double portique installé et de quatre pieds réglables pour un maximum de stabilité. L’axe X est fait d’un rail linéaire (comme sur la Ortur 4) tandis que les axes Y et (double) Z naviguent sur des tiges lisses. Le tout ne nécessite aucun ajustement ni réglage et devrait donc être plus précis et plus fiable dans le temps.
Vous pouvez retrouver l’intégralité des caractéristiques techniques dans le comparateur et dans notre présentation de la campagne KKS.
Le test en vidéo
Comme pour mes précédents tests, cet article vient en complément et conclusion d’une première partie du test répartie dans la vidéo ci-dessus et dans le topic unique sur le forum.
Unboxing de la Kywoo Tycoon
La Tycoon est livrée dans un carton de taille standard au contenu bien protégé. Sur le dessus, on retrouve le lit “dur”, de type “Ultrabase”. En dessous, il y a la base du châssis avec le lit déjà monté (sur deux axes bien espacés qui devraient assurer une bonne stabilité). Au premier niveau, le double portique qui abrite l’électronique avec l’axe X doté de son extrudeur Direct Drive déjà installé.
On a aussi droit à une petite bobine de PLA blanc dénuée d’informations et quelques accessoires : pince coupante, spatule, câble USB, pinces pour maintenir le lit, support de bobine ajustable, colliers de serrage, carte Micro-SD dans son adaptateur USB, une buse de rechange, PTFE de rechange, ressorts de rechange, clé plate, tournevis, endstop de rechange, aiguille à déboucher et un jeu de clé Allen. C’est un packaging plutôt complet !
Kywoo Tycoon, le montage
Il ne faut que quelques minutes pour monter la machine. Il suffit en effet d’assembler les deux éléments du châssis présents dans le carton, de visser quatre vis et de brancher quatre connecteurs, sans oublier le lit, les pieds ajustables et le support de bobine. Le tout est plutôt bien expliqué dans une notice en anglais et chinois uniquement.
Passée cette étape, on constate immédiatement la rigidité du châssis, en particulier de l’axe Z qui n’a aucune chance de se balancer durant les impressions tout en hauteur. Contrairement aux X1, CR, U20 et bien d’autres dont les mods pour renforcer l’axe Z sont monnaie courante, il n’y en aura clairement pas besoin pour cette Tycoon !
Pour les curieux, quelques photos de l’électronique
On peut y voir la carte de l’écran HD de 3,5 pouces ainsi que la carte mère 32 bits sous Marlin 2.0. Le schéma de câblage de cette dernière est d’ailleurs fourni dans la documentation :
Mise en route
Le mode d’emploi propose de s’attaquer directement à la mise à niveau automatique du plateau via le menu. Menu qu’on peut d’ailleurs mettre en français :
Le problème est que les traductions peuvent être déroutantes, pour un initié en anglais tout du moins. Par exemple, sur la photo ci-dessus, le bouton “Accueil” (mal orthographié, d’ailleurs) lance le “homing” et ne permet pas de revenir à l’accueil des menus comme on pourrait l’imaginer.
Avant de lancer la procédure de mise à niveau du lit, j’ai tout d’abord vérifié et ajusté le niveau de l’axe X.
Premier constat, certains déplacements ne sont pas des plus silencieux. En effet, l’axe Y est “rauque”. On entend les roulements frotter contre les tiges lisses. L’axe Z fait quant un lui un bruit “électronique”… Les plus bricoleurs l’auront peut-être remarqué, il y a deux types de drivers sur la carte mère : deux TMC2208 pour les axes X et Y et deux A4988 pour l’axe Z et l’extrudeur.
La ventilation est quant à elle très raisonnable, que ce soit pour l’extrudeur ou l’alimentation.
Au final, ce n’est pas très dérangeant pour l’axe Z qui durant une impression ne fait que de petits mouvements. Par contre, l’axe Y se fait toujours entendre, notamment lors des longs “traveling”.
Les premières impressions 3D
Comme d’habitude, j’ai commencé par imprimer les objets déjà tranchés sur la carte SD. Le premier était un cube de calibration XYZ de 40mm d’arête. Il est sorti sans encombre avec une belle première couche sans décollage.
Le cube affiche des cotes “parfaites” et des surfaces lisses, aussi bien sur les côtés que sur le dessus.
Très confiants des performances de leur création, l’équipe de Kywoo a carrément mis le KKS Tortur Test en guise de démo :
Après presque 4 heures d’attente, le résultat est satisfaisant. On notera un peu de “stringing” sur les piques de qualité moyenne (un calibrage de l’extrudeur et une vitesse plus lente pourraient aider à améliorer ce point). Les piliers des tests de “bridging” sont eux aussi moyen. Par contre les pontages sont très bons, tout comme les impressions en porte-à-faux. Niveau tolérance, j’ai pu retirer tous les cylindres sans forcer sauf celui à 0,2 mm.
Le troisième et dernier objet sur la carte est un petit bonhomme “kaiwu” imprimé sur le dos avec de nombreux supports :
Dans l’ensemble, c’est encore une fois très réussi !
Les autres prints 3D réalisés avec la Kywoo Tycoon
A l’inverse de la partie matérielle, la documentation logicielle fournie est plus que sommaire, les débutants devront se former en ligne pour y arriver. Seuls les réglages de base pour Cura et Simplify3D sont fournis. En ce qui me concerne, j’ai utilisé ce dernier, comme d’habitude en partant du profil de base que j’affine au fil des prints pour en arrivant à ça en PLA, PETG et TPU.
En PLA
J’ai commencé par un test de pontage nettement plus conséquent que le précédent test de torture :
Si à première vue j’ai pensé que la ventilation du filament allait être un peu faible compte tenu de la taille du ventilo installé sans conduit (fan duct) et son faible niveau de nuisance sonore, le système est au final plus qu’efficace !
Dans la même veine, j’ai imprimé un test de “stringing” :
Il n’y a pour ainsi dire aucun cheveux d’ange. A noter que les parties fines du cône sont plus précises avec mes réglages S3D qu’avec les fichiers tranchés d’usine.
Ensuite, j’ai fait un second bench très compliqué, le fameux Makers Mashup Torture Test Cube :
L’objet est sorti sans faille à plein échelle sans gros défaut appartenant, même pour la pyramide inversée !
Après avoir vidé la bobine fournie par Tycoon, j’ai fait un gros print avec du filament qui nous a été offert par StrongerHero3D, un gros Hulk en 160 microns (contre 200 pour les précédents) avec les supports intégrés à la modélisation par son créateur :
Un job de presque 8 heures interrompu en fin d’impression par une coupure de courant. La reprise sur panne s’est déroulée correctement, au détail près de la buse qui est repartie 1 ou 2 mm trop bas, laissant une “cicatrice” tout autour du crane.
En PETG
En PETG (fourni par CompoZan) je me suis contenté d’un unique print ayant duré 6h45. Il s’agit de ce joli hibou imprimé sans support :
En TPU
Pour le filament souple, j’ai tout d’abord effectué un “stringing test” avant de lancer l’impression d’une pieuvre avec des réglages (dont la vitesse de 50mm/s) très proches de mon profil en PLA :
La consommation électrique
En terme de consommation électrique, la Tycoon se situe dans la moyenne basse des machines que j’ai pu tester :
Des améliorations pour la Kywoo Tycoon ?
Je n’ai pas de reproche particulier à faire à cette machine plutôt performante. A défaut d’avoir eu l’option lit magnétique et flexible, deux pinces en plus ne seraient pas de trop pour bien le fixer. Une calibration de l’extrudeur pourrait améliorer les impressions, c’est d’ailleurs une procédure que j’applique à toutes mes imprimantes 3D. J’aurais également aimé avoir un extrudeur réellement “full metal” et non pas que sur sa structure. Pour cela, il faudrait remplacer le heatbreak avec PTFE par un modèle en titane ou bi-métal comme j’ai pu mettre sur ma X1 ou l’Obsidian.
Notes et conclusion
Qualité d'impression - 8.5
Fiabilité - 9
Logiciel - 7.5
Utilisation - 8.5
Rapport qualité / prix - 8
8.3
/10
- Auto leveling simple et efficace
- Interface multi-langues
- Châssis ultra rigide
- Montage facile et rapide
- Extrudeur Direct Drive efficace
- Lit chauffant bien isolé
- Wi-Fi
- Fichier de réglage Marlin pour la mise à jour du firmware
- Seulement deux pinces pour maintenir le lit
- Les drivers mixtes
- Le silence global gâché par les mouvements en Y
- Notice d'utilisation trop succincte
- Pas de réglage de tension de l'idler
- Pas de réglage de tension des courroies
- Traduction des menus à revoir
- Beaucoup de graisse partout