Suite au test de la Orange 10, le fabricant chinois nous a proposé de tester la Longer Orange 30. Cette imprimante 3D, financée avec succès sur Kickstarter, repose sur la technologie MSLA. J’ai longuement hésité avant de me lancer dans l’aventure de la stéréolithographie. En effet, en plus de ne pas en avoir vraiment besoin, j’avais beaucoup de préjugés sur cettte technologie bien différente du dépôt de fil fondu : haut niveau de détails mais consommables coûteux (et pas que la résine, vous le verrez), manutention de la résine – toxique à l’état liquide – pénible, temps d’impression, fragilité des objets en résine, etc.
Je me suis quand même lancé dans l’expérience et je vais donc vous livrer ce test en tant que néophyte de l’imprimante 3D résine ! Il fera également office de guide de découverte de l’impression résine pour tous les débutants en SLA et pour ceux qui commencent à s’y intéresser.
Différences entre la Orange 30 et la Orange 10
Tout d’abord, voyons ce qui différencie ces deux imprimantes, en plus de leur numérotation.
La Longer 3D Orange 30 offre un plus grand volume d’impression de 120 x 68 x 170 mm (contre 98 x 55 x 140 mm pour la petite Orange 10).
Grâce à un écran LCD HD d’une définition de 2560 x 1440 pixels (au lieu de 854 x 480 pour la Orange10), la Orange30 affiche une résolution plus que 2 fois plus précise de 47 microns !
Evidemment, toutes ces améliorations ont un coût. La Orange 30 est vendue un peu plus de 300€ en fonction des vendeurs et promotions. Vous pouvez d’ailleurs retrouver ces derniers dans notre comparateur qui regroupe les meilleures offres. La Orange 10 est environ 100€ moins chère, sur Amazon. Je pense que le gap entre les deux vaut largement l’investissement supplémentaire du modèle supérieur.
- 26%
Déballage de la Longer 3D Orange 30
La machine m’a été livrée dans un colis à la forme peu conventionnelle. Peu d’entre-vous ont su deviner son contenu sur les réseaux sociaux :
Cette forme particulière est due au second bidon de résine qui nous a été offert par Longer.
A l’intérieur de ce colis, on retrouve les différents éléments de l’imprimante et ses accessoires, le tout rangé et protégé en strates.
Tout en haut, on retrouve un peu de paperasse (dont la documentation), des filtres, ainsi qu’une enveloppe 🤔 Juste en dessous, il y a les accessoires. Pour finir… L’imprimante, très peu encombrante !
Parmi les accessoires, on retrouve l’alimentation, le lit d’impression, une spatule, 250 grammes de résine de couleur brun clair, une paire de gants jetables, des lingettes de nettoyage type Pec Pads, des cartes à jouer, des clefs Allen et le capot de protection anti-UV en kit…
Nous verrons au fil du test à quoi servent chacun de ces éléments.
En supplément pour ce test, Longer 3D nous a également envoyé 500 grammes de résine de couleur grise.
Documentations et tutoriaux vidéos à profusion
Outre la petite notice papier fournie dans la boite qui suffit largement à mettre en route l’imprimante, il y a pas moins de 23 vidéos explicatives dans la playlist Orange 30 de la chaîne officiel du constructeur. Je vous invite vivement à les regarder avant de vous lancer si vous débuter en SLA ou à la moindre hésitation. La liste couvre tous les aspects de l’utilisation de l’imprimante 3D SLA, de la mise en route à la maintenance en passant bien évidemment par l’impression 3D.
Orange 30, l’assemblage
Il n’y a qu’une chose à assembler sur la Orane30 et pas des moins pénibles, le capot de protection anti-UV !
Avant tout, il faut déjà retirer le film protecteur qui est dessus… Prenez bien votre temps. Il se déchire facilement, rendant la tâche encore plus lourde.
Ensuite, il faut fixer les 5 faces à l’aide de 2 élastiques tout en utilisant les 4 cales imprimées en 3D que vous avez pu voir dans les photos des accessoires. Cette tâche est décrite dans la vidéo ci-dessus.
J’ai bien évidemment cassé un des élastiques. Bien qu’il y en ait un 3ème sûrement prévu pour faire face à ce cas de figure, j’ai préféré scotcher le capot afin qu’il soit moins “branlant”.
C’est franchement dommage comme première approche. J’imagine que c’est une question de coût et de transport. Cependant, un capot en dur avec un système de charnière aurait été bien plus agréable à utiliser.
Réglage avant mise en route
Avant de lancer le premier print, il suffit de mettre à niveau le plateau d’impression. Encore une fois, c’est (très clairement) expliqué dans le manuel papier et en vidéo :
Vous remarquerez la forme biseauté du plateau. Elle permet à la résine de s’écouler en court d’impression pour éviter le gâchis.
Les premières impressions 3D en SLA
Comme avec les machines à dépôt de fil fondu, la Longer3D Orange30 est livrée avec une clef USB. Elle contient des objets déjà tranchés. Ça permet de vérifier le bon fonctionnement de l’imprimante 3D sans même lancer le logiciel, depuis le petit écran tactile en couleurs. Ce dernier est plutôt lisible mais pas super réactif.
Mais avant de se lancer, il faut remplir le bac de résine, au maximum jusqu’à ses 3/4. Malheureusement, il n’y a pas de témoin de niveau ett si vous replissez trop, ça va déborder quand le lit va rentrer dans le bac… Faites attention également à ce que l’imprimante soit posée sur un support le plus à niveau possible.
Je n’ai fait que 3 impressions pour commencer : le casque de stormtrooper explosé en résine d’origine, un tricératops et un vampire Skyrim avec la résine grise :
Le stormtrooper
Le tricératops
Le buste du vampire de Skyrim
Nettoyage du plateau et de l’objet
Après chaque impression, il faut nettoyer le plateau en tentant de récupérer la résine qui subsiste dessus à l’aide des cartes à jouer. Cette étape est elle aussi documentée en vidéo et nécessitera déjà une 2ème paire de gants :
Ensuite, il faut retirer l’objet du plateau à l’aide de la spatule. Il faut prendre son temps pour éviter de se blesser ou de casser l’objet.
Pour finir, il faut nettoyer l’objet dans un bain d’Alcool Isopropylique IPA 99%. Bien que l’alcool soit réutilisable, plus il y a de résine dedans, moins la concentration et bonne et moins son action est efficace. C’est par conséquent un véritable consommable, tout comme les gants. Je vous conseille de l’acheter en gros. Vous pouvez en trouver par pack de 6L à bon prix chez MakerShop, comme d’autres accessoires SLA.
Post-production indispensable
Bien évidemment, vous pourrez poncer et peindre vos objets imprimés en 3D résine. Mais avant cela, il faudra retirer les supports d’impression et finir le processus de polymérisation de la résine afin de la solidifier et de maximiser ses propriétés.
La première étape peut parfois être longue et minutieuse, voire compliquée en fonction de la quantité des supports et de la solidité de l’objet.
Pour la seconde étape de finition obligatoire des objets, vous pouvez utiliser un petit séchoir à ongles qui convient parfaitement pour les petits objets. Il y a aussi l’artillerie lourde et chère qui consiste à utiliser une chambre à UV dédiée à l’impression 3D. Sinon, il y a tout simplement la lumière naturelle du soleil !
Personnellement, j’ai dans un premier temps utilisé une petite lampe LED et le soleil. Cela semblait pas mal. Pourtant, après passage des objets dans le Form Cure de Formlabs, ces derniers étaient bien plus durs, notamment pour le pendentif que vous verrez plus bas. Il ne s’agit donc pas d’une option facultative pour faire du travail d’excellente qualité.
Reverser la résine du bac dans le bidon
Quand vous avez terminé une impression ou que vous voulez changer de résine, il faut vider et nettoyer le bac. La résine étant coûteuse, il faut la récupérer et la remettre dans son bidon anti-UV. Plutôt qu’un long discours, je vous laisse visionner la vidéo officielle :
Il faut donc utiliser un des deux filtres fournis dans les accessoires pour remettre la résine dans son contenant, sans éventuels résidus de résine durcie. Et si vous ne vous organisez pas bien, il se peut que vous utilisiez votre 3ème paire de gants pour le même print !
Si à première vue rien de compliqué, je n’ai personnellement pas réussi à faire ça proprement une seule fois ! Il n’y a pas de bec verseur sur le bac et le filtre est souple. Du coup, on en fout vite partout… Enfin, j’en fous vite partout !
Pour me faciliter la tâche, gisclace m’a conseillé d’utiliser une bouteille en plastique coupée pour maintenir le filtre 3M.
Bien que lavable à l’IPA, ces filtres entonnoir sont aussi des consommables à prévoir, d’où l’utilité d’en acheter en quantité.
Si vous ne changez pas de résine, vous pouvez aussi faire comme hidetoshi62, laisser la résine dans son bac. Il faut juste qu’elle soit à l’abri des UV et de la poussière. Le capot de protection suffit normalement mais il n’est pas plus mal de couvrir la machine d’un drap pour mieux la protéger.
Mes premières impressions
Passé le côté manutention de la résine et post-production un peu lourd, l’effet “wahou” est bien là ! Le niveau de finition est impressionnant, surtout pour les plus petits détails comme les cornes du tricératops. Les couches sont réellement invisibles. Les objets sont parfaitement lisses ! Seules les marques des supports viennent un peu gâcher le tableau.
Les logiciels de tranchage
Malgré la mauvaise réputation du slicer officiel de Longer3D, avant de me lancer dans LongerWare, je me suis un peu documenté sur l’orientation des objets pour l’impression 3D résine. C’est une logique complètement différente de l’impression 3D FDM.
En résumé de cette vidéo et de ce guide, j’ai retenu qu’il faut éviter les larges couches et les couches parallèles à l’axe Z.
Les impressions 3D tranchées avec LongerWare
Un cube de calibration
J’ai commencé par un bête cube de calibration pour DLP, SLA ou LCD :
Si les cotes du cube sont bonnes, ce dernier ne s’est pas imprimé correctement dans son intégralité.
Une impression 3D de Noël
Histoire d’illustrer cet article, j’ai ensuite essayé ce renne de Noël qui fut un échec total :
Suite à ces 2 échecs avec les réglages par défaut de LongerWare et 2 résines différentes, j’ai décidé d’essayer un autre logiciel. Pour l’expérience, j’ai quand même tenté de trancher de gros objets sans réussir à le faire planter. Il s’est avéré plutôt stable chez moi en version 1.32.
A noter au passage que le film FEP du bac peut être remplacé. Il y en a d’ailleurs un de rechange dans l’enveloppe, visible sur les photos présentées en début d’article. Et il y a même un tutoriel pour ça !
Les impressions 3D tranchées avec Chitubox
J’ai donc tenté l’expérience Chitubox, un slicer qui semble s’imposer pour la stéréolithographie. Surtout que depuis notre test de la Orange 10, il dispose d’un plugin qui permet d’exporter directement au format lgs30. On peut donc totalement se passer de LongerWare pour imprimer sur les machines SLA Longer3D.
Bien que Chitubox permette d’évider (“hollow”) les objets et d’y percer des trous pour évacuer et économiser la résine, j’ai préféré débuter avec des objets modélisés pour l’impression avec de la résine. Pour en trouver, il suffit de chercher “SLA” ou “hollowed” sur Thingiverse.
La fameuse grenouille
J’ai téléchargé ce STL adapté aux imprimantes 3D résine que j’ai imprimé à même le plateau :
Ici aussi, la qualité est bluffante. On voit encore des traces de supports qui sont partis avec un bout de patte…
Un minuscule château médiéval et un pendentif cœur
Afin de tester l’impression de détails ultra fins, j’ai pris ce petit château sur Thingiverse que j’ai imprimé en même temps qu’un pendentif cœur :
Le château était à même le plateau et encore une fois, pas de phénomène de succion ni d’explosion. Je ne sais pas dans quelle mesure on peut imprimer ainsi sans risque. Les différents tutoriaux et guides conseillent de mettre du support entre le plateau et les pièces.
A noter également qu’il n’avait pas de trou d’évacuation pour la résine emprisonnée à l’intérieur du château. Il est donc un peu lourd et aurait mérité d’être évidé.
Quoi qu’il en soit, les deux objets en question sont eux aussi impressionnants de qualité et détails !
Une figurine de Bowser
En tant que gamer depuis mon plus jeune âge, je n’ai pas résisté à imprimer ce petit Bowser trouvé lui aussi sur Thingiverse :
Au détail près des traces de support, la pièce est magnifique.
Le SV-001 Tank de Metal Slug
On reste dans le thème gaming avec ce gros tank issu du jeu Metal Slug (que seuls les vieux doivent connaître) :
Avec les supports uniquement sur le dessous du tank, le résultat est parfait. Il n’y a aucune imperfection !
Mon impression finale sur la Longer Orange 30
Cette découverte de l’impression 3D résine avec la Orange 30 fut une agréable surprise. Les photos parlent d’elles-mêmes, les objets sont juste superbes. L’imprimante est simple à mettre en service et à utiliser, si tant est qu’on prend son temps pour les opérations de maintenance. Il n’y a que le logiciel fourni (LongerWare) qui laisse à désirer mais dont l’alternative Chitubox est très complète et performante.
Et les aprioris, alors ?
Il y a de nombreuses reviews qui vantent cette machine (et d’autres) comme idéale pour les débutants. Je pense qu’ils ont raison. Cependant, très peu abordent les côtés “négatifs” de la résine, avec une machine comme celle-ci tout du moins.
Le consommable est cher et pénible à manipuler. De plus, il ne faut pas oublier que sous sa forme liquide, la résine est toxique pour la peau. Je ne sais pas ce qu’il en est réellement des “vapeurs” dégagées… Quoi qu’il en soit, ça ne sent pas très bon, tout comme l’alcool IPA. Je conseillerais donc d’utiliser la machine dans une pièce bien aérée sans rester à côté durant les impressions, bien que sa discrétion le permette. Ce qui exclut de fait les pièces à vivre d’un appartement ou d’une maison. C’est un sujet qui fait débat sur le forum mais personnellement je ne préfère pas prendre de risque.
Pour finir, en ce qui concerne la qualité, c’est largement à la hauteur de mes espérances. D’ailleurs, les objets que j’ai pu fabriquer semblent plus solides que ce que j’avais imaginé.
Les achats indispensables à prévoir
Vous l’aurez compris tout au long de la lecture du test, si vous vous lancez dans l’aventure SLA, il vous faudra différents consommables listés ci-dessous :
- Alcool IPA ou Monocure ResinAway
- Gants jetables Nitrile
- Filtres entonnoir
- Et de la résine, bien évidemment !
Les achats préférables à prévoir
Les accessoires ci-dessous ne sont pas obligatoires mais ils facilitent quand même l’expérience :
- Masque
- Lunettes de protection
- Papier essuie-tout
- Chambre à UV
- 26%
Notes et conclusion
Qualité d'impression - 9.5
Fiabilité - 8
Logiciel - 7
Utilisation - 7.5
Rapport qualité / prix - 8
8
/10
- Rapport qualité / prix
- Facile à monter et à régler
- Châssis rigide et stable
- Silencieuse
- Maintenance aisée (FEP, LCD, etc.)
- Documentation et tutoriaux vidéo en quantité
- Compatible avec les résines tierces
- Le plugin Chitubox
- Pas de bec verseur pour vider le bac de résine
- Le logiciel d'origine LongerWare
- L'assemblage du capot anti-UV
- L'utilisation du capot anti-UV
- La manutention de la résine
- L'odeur des résines et de l'alcool
L'imprimante 3D Longer3D Orange 30 succède avec brio à la petite Orange 10.
Le surcoût financier vaut largement la peine, tant pour s'initier à l'impression 3D résine que pour les makers plus avertis.
N’hésitez pas à passer sur le forum pour échanger sur les imprimantes 3D Longer3D (et Alfawise) !
Bonjour,
merci beaucoup pour cette page explicative qui m’a bien aidé.
mes parents ont acheté une imprimante 3D longer orange 30 à une vente au enchère, mais hélas il n’y avait pas de clé usb avec. j’ai tenté de faire quelque chose via le logiciel chitubox mais pas très concluant. serait il possible de m’envoyer par mail le contenu de cette fameuse clé usb.
je vous remercie par avance pour votre réponse.
cordialement,
julie
Bonjour, voici l’archive : https://filetransfer.io/data-package/rmEOFC26#link