La boutique en ligne BuyBestGear nous a proposé de tester la iMate S du fabricant chinois QiDi Tech. Cette marque s’est spécialisée dans les imprimantes 3D fermées et directement utilisables sans aucun montage. Le site Buy Best Gear fait partie des distributeurs européens de la marque et possède des entrepôts en Europe pour une livraison plus rapide des commandes.
Une imprimante fermée, pour quoi faire ?
En dehors des considérations purement esthétiques, toute imprimante 3D devrait être fermée ! Déjà, pour des raisons de sécurité, pas de risque que les bambins mettent leurs mains sur des parties brûlantes ou mobiles.
Une imprimante ouverte est un nid à poussière. Ici, les parties mécaniques sont protégées et prêtes à imprimer, même après des semaines d’hibernation.
Les caissons permettent aussi d’améliorer la qualité de vos impressions en diminuant le risque de warping et de déformation des pièces.
On imprime plus facilement certains filaments (ABS par exemple) qui ne supportent pas les variations de température (courant d’air, air ambiant trop froid ou brusque changement de température extérieure).
Que propose la “i-Mate s” ?
La i-Mate S est une imprimante 3D de bureau de type cubique avec une surface d’impression de 260 x 200 x 200 mm, ce qui est largement suffisant pour un usage courant. Elle est donc légèrement plus grande que la Qidi Tech X-Maker que nous avions aussi testée.
Elle dispose d’un plateau chauffant (110°C max) avec une surface aimantée amovible. Une deuxième surface de remplacement est fournie avec la machine.
La QidiTech est équipée d’un extrudeur Direct Drive avec une buse 0,4 mm. Un deuxième extrudeur avec une buse 0,2 est également fourni dans le package. On peut donc simplement passer du 0,4 au 0,2 en enlevant le bloc complet DirectDrive. On peut évidemment remplacer cette buse 0,2 par une 0,4 et ainsi avoir un extrudeur de secours en cas de problème.
Ce système de Direct Drive amovible facilite la maintenance en cas de buse bouchée ou lors son remplacement. Du fait de la présence d’un tube téflon, la température maximum d’extrusion sera de 250°C au maximum.
Ici, pas de capteur pour l’auto-levelling, on passera donc par un réglage manuel. Je note toutefois la présence d’un connecteur pour le branchement d’un capteur sur le Direct-Drive, peut-être est-il possible d’en installer un ultérieurement ?
Les autres caractéristiques de la Qidi Tech i-Mate S se trouvent ici.
Côté extérieur, la machine en impose. Les parois en plastique qui composent le caisson sont de bonne qualité. La porte, bien rigide, ferme parfaitement grâce à ses aimants.
Si les parois sont en plastique, une structure interne en métal est présente afin de bien rigidifier l’imprimante, un gage de qualité supplémentaire.
Les côtés, ainsi que le dessus transparent de l’imprimante sont amovibles. Le fabricant conseille de les retirer lorsqu’on imprime du PLA ou du TPU.
Quelques photos de la Qidi Tech i-Mate S
Sur la façade avant, on trouve un écran 3.5 pouces couleur et tactile, ainsi qu’un port USB pour charger les fichiers gcode prêts à être imprimés. L’écran dispose de toutes les fonctions basiques d’une imprimante 3D. Les menus sont disponibles en plusieurs langues, mais pas en français.
L’écran est réactif. Dommage cependant que l’expérience soit gâchée par des icônes trop petites et des couleurs peu lisibles.
De plus, aucune information instantanée sur l’état de l’imprimante n’est disponible (températures, mise en chauffe etc..) et c’est vraiment dommage, cela est un vrai manque pour les utilisateurs avancés.
Toutefois, ces informations sont disponibles lorsqu’on lance une impression.
Photos de l’écran de contrôle de la i-Mate S
L’imprimante peut se connecter en Wi-Fi à votre réseau domestique ou d’entreprise. Avec l’application Qidi Print (via Control Panel), vous pourrez transférer vos fichiers sur la clé USB, lancer des impressions ou des commandes pour piloter la machine. Notons que l’impression par câble USB n’est pas possible sur cette machine.
L’intérieur du caisson est équipé d’un bon éclairage LED, avec la possibilité de l’éteindre via l’écran de contrôle. Il est également possible de configurer les alertes sonores, pour signaler une fin d’impression, par exemple.
Point négatif, l’interrupteur se trouve à l’arrière de la machine. Selon votre installation, il sera peut être difficilement accessible. J’aurais aimé un bouton poussoir en façade avec une extinction automatique après un temps de veille.
Il est à noter que l’imprimante ne dispose pas de dispositif de filtrage de l’air ou d’un système d’évacuation / régulation de la chaleur dans le caisson.
Pour finir, la Qidi iMate S, comme beaucoup d’imprimantes 3D, propose un système de reprise en cas de coupure de courant ou plus simplement, si vous souhaitez arrêter une impression pour la reprendre ultérieurement. Par contre, elle n’est pas équipée d’un détecteur de filament pour mettre en pause le travail d’impression quand la bobine sera terminée.
Les accessoires fournis avec la Qidi Tech i-Mates
On peut dire que l’on est gâté puisque le bundle est plutôt bien rempli. Si on veut pinailler, je dirais qu’il manque juste la petite pince coupante. Voyez plutôt :
- 2 surfaces de plateau aimanté
- 1 clé USB (notice et logiciel)
- 1 extrudeur direct-drive en 0.2 mm
- 2 tournevis
- 2 clés allen
- 1 clé pour la buse
- 1 tube de colle
- 1 racloir
- Visseries diverses pour l’extrudeur
- 2 fusibles
- 2 tubes téflon et une buse 0.4 mm
- 2 pinces plateau
- 1 connecteur d’alimentation
- 1 papier “spéciale réglage plateau”
- 1 petite bobine de PLA (200Gr)
- 1 tube et 2 flasques de spooler.
Le déballage de la QidiTech i-Mate S en vidéo
Mise en route et première impression
L’imprimante est livrée montée, il n’y a donc rien à faire à part le spool et la bobine à mettre en place. C’est plutôt satisfaisant.
Point positif, une fois allumée, l’imprimante ne fait aucun bruit, le ventilateur de la hot-end est asservi à la température.
Première étape, régler le plateau. On utilise la classique fonction de réglage via le LCD. Avec la petite feuille fournie et en jouant avec les molettes aux quatre coins du plateau, on va régler l’écart entre la buse et ce dernier. Les molettes sont bien accessibles, c’est simple et rapide.
On installe la bobine (PLA), on bride les flasques et on passe le filament dans le petit tube. Là encore, c’est très simple.
Pour la mise en place du filament, on presse la gâchette de l’extrudeur et on insère le filament.
Ensuite, on utilise l’écran de contrôle. Là, malheureusement, on n’a pas de fonction automatisée pour le chargement du filament. Il faut passer par le menu “Preheating” pour chauffer la buse et ensuite par le menu “Filament” pour extruder. Pas très convivial pour un débutant. De plus, il est même possible d’extruder à froid, aucune sécurité dite de “cold extrusion prevention” n’est présente. Etonnant !
Un fichier test est présent dans la clé USB, je lance directement une impression…
Aucun problème, le filament adhère bien au plateau et l’impression suit son cours.
Une fois l’impression terminée, le résultat est plutôt pas mal. Les couches sont très bien alignées, l’extrusion est régulière et l’étalonnage est satisfaisant. La rétractation mérite un petit ajustement.
Pour une première impression, c’est très bien.
Seconde impression avec le slicer Qidi Print
Sur la clé USB se trouve le programme trancheur Qidi Print. Ce n’est ni plus ni moins qu’une version customisée de Cura. Les profils de l’imprimante sont bien entendu intégrés à ce fork. Pour information, une version plus récente (en français) est disponible sur le site web officiel (V 5.6.7 à ce jour) par rapport à ce qui est livré sur la clé USB.
On trouvera également des profils Qidi i-Mate S pour le logiciel Simplify3D, ce qui est plutôt bienvenue pour les possesseurs de ce trancheur.
Histoire de ne pas être original, on va imprimer un classique benchy. Pour cela, rien de compliqué : on glisse le modèle, on choisit la hauteur de couche (0.1 mm), le remplissage (20%), on clique sur Prepare et on enregistre le gcode sur la clé USB. Ensuite, on lance le fichier via le menu de l’imprimante. C’est simple et ça fonctionne très bien. Le résultat est encore une fois très satisfaisant :
Franchement, c’est plutôt pas mal. A part la rétractation, dont le réglage n’est pas optimal, pour le reste c’est propre.
Une fois l’impression terminée, le ventilateur de la hot-end s’arrête dès que la température repasse sous les 40°C. Le silence est enfin de retour.
Concernant le silence en fonctionnement, comme beaucoup d’imprimantes 3D FDM, ce n’est clairement pas son fort. Malgré la présence de drivers silencieux TMC2209, le déplacement des axes sont bruyants. Et malheureusement, il en est de même pour les ventilateurs. On aurait pu penser que le caisson étoufferait les bruits, mais finalement pas tant que ça.
Mes mesures, au décibelmètre (à 1 mètre de distance), donnent 55 dB en moyenne avec le caisson totalement fermé et 60 dB avec le caisson totalement ouvert. C’est beaucoup trop pour une imprimante de bureau et on est loin des 50 décibels maximum promis par le constructeur.
Troisième impression avec Qidi Print et Control panel
On va maintenant lancer l’impression du fameux “printer test”. J’en profite pour modifier la rétractation et le Z-offset. On va cette fois utiliser la fonctionnalité “Wi-Fi” de l’imprimante. Il faut pour cela activer le Wifi sur la i-MatS et rentrer les informations de votre réseau sans-fil. Attention toutefois, si vous utilisez des répéteurs wifi ou des points d’accès, votre routeur principal peut ne pas voir votre imprimante sur le réseau. Une clé USB doit aussi être présente dans l’imprimante.
On lance “Control Panel” via “Qidi Print” pour se connecter à l’imprimante depuis un ordinateur. Une fois connectée, on peut lancer des commandes, envoyer des fichiers et lancer une impression à distance.
Une fois le travail démarré, on peut suivre la progression et envoyer des commandes (changer la température par exemple). Clairement, l’application n’est pas très conviviale mais elle a le mérite d’exister. On peut bien évidemment quitter l’application sans que cela perturbe l’impression en cours.
Impression terminée d’un stress test en PLA :
On constate que, si les ponts sont très bien et les détails ressortent correctement, on notera une surchauffe évidente sur certains éléments. On fait face à un problème de ventilation ou peut-être plus simplement, à une température d’extrusion trop élevée.
J’ai imprimé cette pièce tous capots fermés, dans le doute, j’ai réimprimé cette même pièce sans aucun capot. Je n’ai pas vu de différence notable entre les deux modes.
Une troisième impression, avec une température plus basse (190°C) n’a pas apporté d’amélioration. Donc clairement, la ventilation n’est pas optimum et c’est vraiment dommage de pécher à cause de cela.
De toutes les matières, c’est l’ABS qu’elle préfère ?
L’intérêt d’avoir une enceinte fermée, c’est surtout de pouvoir imprimer certains filaments sensibles aux chocs thermiques, comme l’ABS par exemple.
Sous QiDi Print je sélectionne le profil “ABS” et je demande à imprimer le même STL. Par défaut, la température est de 220°C, je préfère mettre 230°C. Après quelques heures d’impression, on peut dire que le résultat est plutôt bon. Je dirais même meilleur que le PLA avec le problème de ventilation.
L’accroche est excellente, mais attention à ne pas trop écraser la première couche sinon elle restera définitivement accrochée à votre plateau. Il faudra alors gratter votre plateau au risque de l’abîmer ou de diminuer ses performances. Si vous avez besoin de le faire, pensez à ramollir le plastique incrusté avec un petit pistolet à air chaud (plus communément appelé air gun).
On tente un objet plus petit, donc plus sensible au gauchissement, un “Flexy-Rex”. Là encore aucun problème, pas de décollement, pas de warping, c’est pleinement utilisable.
On peut dire que la machine fait bien son travail pour l’impression de l’ABS. Attention toutefois, la machine n’est pas équipée d’un système de filtrage et encore moins d’un système de régulation de l’enceinte. Pour des impressions très longues en ABS, la caisse peut devenir un véritable four et n’empêchera pas de dégager des émanations toxiques.
Essayez donc de privilégier, pour des objets ne nécessitant pas de façon indispensable l’utilisation de l’ABS, des filaments tels que le PETG ou à minima le PLA+.
Et le PETG ?
Allons au bout de la démarche et testons le PETG. Le PETG est en terme d’impression à mi-chemin entre le PLA et l’ABS. On peut raisonnablement affirmer que c’est une matière qui peut s’imprimer sur pratiquement sur tout type de machine.
Là encore, pas de problème particulier. Il faudra, comme toujours, ajuster la température en fonction du filament choisi.
Des améliorations pour la Qidi Tech i-Mate S ?
Si l’on doit facilement pouvoir concevoir un fan duct plus efficace pour améliorer la ventilation de la Qidi iMate S, un extracteur d’air (avec filtre HEPA pour bien faire) serait un plus non négligeable pour améliorer les performances de la machine et éviter les désagréments en utilisation dans un bureau ou à son domicile.
Notes et conclusion du test
Qualité d'impression - 8
Fiabilité - 9
Logiciel - 6
Utilisation - 8
Rapport qualité / prix - 7
7.6
/10
- Livrée montée et opérationnelle
- Structure très rigide
- Accessoires en quantité
- Bonne accroche plateau
- Fiabilité
- Imprime facilement en ABS
- Bruit élevé
- Ecran tactile d'ancienne génération
- Encombrement
- Ventilation trop peu efficace
- Surface plateau fragile
La Qidi i-Mate S aurait pu être mon vrai coup cœur avec sa structure rigide et fermée, ses impressions précises et sa facilité d’usage. On sent que le constructeur a mis l’accent sur la simplicité au détriment d’en faire une machine de guerre, convenant autant aux utilisateurs hardcores qu’aux débutants. Du coup, elle excelle sur les impressions “basiques” mais pas sur les choses plus compliquées où la ventilation doit être optimale.
Toutefois, c’est une machine fiable, bien construite, qui plaira pour sa polyvalence et sa facilité de prise en main dès sa sortie du carton.